26.11.20

Tokyo Vice


[TW sang - violence physique/psychologique - suicide - 
prostitution infantile - contenu sexuellement explicite - dépression]


❝ " Vous supprimez cet article, ou c'est vous qu'on supprime. "
Derrière la fumée de sa cigarette, Jake n'est pas vraiment en position de négocier. Premier journaliste occidental à travailler pour le quotidien japonais Yomiuri Shinbun, il court après les bons sujets. Et là, il en tient un. Un sérieux, un fumeux, un dangereux : le yakuza le plus célèbre du Japon s'est fait opérer secrètement aux Etats-Unis. L'article vaut son pesant d'or. la mafia japonaise le sait. Et elle ne fera pas de cadeau à Jake. ❞


J’avais déjà lu son deuxième livre, Le dernier des Yakuzas (ma chronique est disponible ici), et j’avais plutôt bien appréciée cette lecture instructive sur le Japon et ses faces cachées. Il était donc logique que je me penche vers son premier livre, histoire de mieux comprendre le parcours de l’auteur – qui est journaliste d’investigation. Encore une fois j’ai adoré ma lecture, bien que certains passages soient durs à lire et que je déplore des longueurs.

Ce roman-documentaire retrace le parcours de Jake Adelstein, de ses débuts en journalisme dans un des plus grands journal du pays, le Yomiuri, à ses changements de poste le conduisant de plus en plus dans les noirceurs du Japon. Il va commettre des erreurs, rencontrer un tas de personnes (aux bonnes ou mauvaises intentions), se marier, mais aussi faire bouger les choses dans la société japonaise. Ce pays a beau vendre du rêve, il a de gros défauts, et la mafia va vite avoir Jake dans le viseur…

Le style d’écriture, tout comme les sujets abordés, ne vont pas plaire ni convenir à tout le monde. Il y a énormément d’informations : des retranscriptions d’articles de journaux, des pages entières de conversations, des contextes historiques, des biographies, le tout sous un format de roman un peu étrange à lire au début. Mais si je me suis habituée au genre, j’ai eu du mal à rester concentrer sur le livre à cause des longueurs – les fausses pistes et points morts sont légions. A être trop pointilleux sur des détails j’étais parfois perdue dans des noms, des lieux, des dates...

Aussi, il y a des passages peu importants pour l’avancement de ses enquêtes, mais pourtant essentiels afin de comprendre l’évolution de Jake. Je ne suis pas sûre d’avoir tout le temps compris les choix et décisions de l’auteur, pourtant j’ai été touchée à plusieurs reprises par ce qui lui arrivait, lui et ses proches – je pense notamment à l’histoire d’Helena.

Étant curieuse sur le Japon et sa culture, je reste satisfaite de ma lecture, même si des événements plombent le moral. Nous sommes loin d’un Japon accueillant, beau, amical – malgré des personnes attachantes aidant Jake dans son travail. Est dépeint ici un pays corrompu dans certains domaines, violent, où la compétition est rude. Les TW que j’ai indiqué en début de chronique sont donc à prendre en compte, surtout que ce sont des faits réels.

Le dernier mot
C’est une bonne lecture avec laquelle j'ai appris beaucoup de choses sur le métier de journalisme d'investigation, sur le journalisme en général au Japon, ainsi que les dessous de ce pays. Cependant, à lire à tête reposée !

22.11.20

Bakamon, tome 1



❝ La vie de notre jeune héros va basculer le jour où une nouvelle loi oblige chaque enfant de 12 ans à accomplir son VIPDB , « voyage initiatique pour devenir dresseur Bakamon ». Il est donc tenu de choisir un bakamon dans le laboratoire le plus proche et démarrer sa carrière de sans domicile fixe pour partir à l’aventure, afin « d’entuber » un maximum de Bakamon. Son périple s’annonce riche en découvertes et combats épiques.
Malheureusement, notre héros déteste les Bakamon ! ❞


A force de voir cette bande-dessinée sur la chaîne d'Alex bouquine en Prada, j'avoue que j'ai fini par craquer. Je ne suis pas une grande fanatique de Pokémon mais j'aime bien cette licence, et mon enfance a été marqué, entre autre, par Pokémon version bleue (ah là là, la Game Boy Color ❤). D'ailleurs, je pose ça ici : ma génération préférée restera la troisième, la version Rubis étant un gros coup de cœur. Pour en revenir à ce premier tome inspiré par cette licence de jeux vidéo, je suis ressortie conquise et pliée en deux. Munissez-vous cependant d'un second degré, sinon vous allez passer à côté de la formule.

On va suivre l'aventure d'un jeune garçon qui a tout juste fêté ses douze ans. Comme la coutume l'oblige, il va devoir se faire virer de chez lui afin de passer son VIPDB et devenir le meilleur dresseur. Seul soucis : il déteste les Bakamon, des créatures mystérieuses et étranges qui font partie du quotidien des Humains. Ainsi commence le périple de Crétin et de son fidèle Corniaisdeglace, pour récupérer les huit badges d'arènes - et éviter d'être sans-emploi.

Bakamon, c'est une parodie de Pokémon, et il y a effectivement de nombreuses références/clins d'œil qui sont disséminés un peu partout. Les créatures à dresser et faire évoluer, le tableau des types, les arènes, le rival et les antagonistes, l'histoire de base ; j'ai ressenti tout l'amour des auteurs pour cet univers, même détourné de façon ridicule. Et du moment qu'on aime la licence, ça ne peut que toucher la corde sensible et raviver de bons souvenirs.

Cependant, c'est plus qu'une simple parodie. Il y a beaucoup d'originalité autour des Bakamon (du plus mignon au plus étrange), et je fond déjà pour Chapoire, Meufouine ou encore Chenouille. Les personnages principaux et secondaires ont une personnalité qui les rend déjà attachants et drôles, je suis donc curieuse de revoir le rival de Crétin ou encore Sophie-Justine Warria. Je trouve d'ailleurs l'idée d'ajouter les fiches des Bakamon excellente, car en un seul tome l'univers est assez fouillé et cohérent. Au niveau des dessins je n'ai rien à redire : c'est coloré, expressif, un vrai plaisir pour les yeux.

Au fait, chaque lecteur.ice a une carte Bakamon dans le tome. Vous avez lequel ? Personnellement je suis tombée sur Pantimide, une culotte toute mimi ❤

Le dernier mot
Ce premier tome est aussi excellent à lire en tant que parodie, mais aussi en tant que bande-dessinée tout court. C'est original, haut en couleur, cynique, et la petite adoratrice de Pokémon que je suis est charmée par le résultat !

17.11.20

The Promised Neverland, tome 16



! ATTENTION AUX SPOILERS DANS LE RESUME !


❝ Pour percer le mystère de la "fille au sang maudit", Emma et Ray ont repris le chemin des Sept Murs. Une fois la porte passée, ils se retrouvent prisonniers d'un univers qui ressemble étrangement à Grace Field House mais où règne une inquiétante atmosphère. Perdus dans ce labyrinthe qui se joue des lois de l'espace et du temps, parviendront-ils à trouver la sortie ? ❞


Encore une fois j’ai passé un excellent moment avec ce tome, et on sent que la fin approche doucement avec les différentes intrigues et les quelques révélations supplémentaires livrées ici.

La narration m’a totalement absorbée : on suit ainsi Emma et Ray dans leur périple à travers les Sept Murs, on découvre le trajet de Don et Gilda pour retrouver deux anciens amis, mais la petite surprise reste ce pan du passé dévoilé – et qui permet de mieux comprendre l’origine de la promesse entre Humains et Démons.

Je suis légèrement déçue par certains aspects des Sept Murs : c’est trop étrange et tiré par les cheveux, et je ne suis pas convaincue par la résolution des problèmes rencontrés par le duo. Cependant, une rencontre que j’attendais depuis un moment a rattrapé le tout, et je suis curieuse d’en savoir plus sur le plan d’Emma !

Ma partie préférée reste celle autour de Don et Gilda. Je suis ravie qu’ils soient de nouveau mis en avant ! J’aime d’ailleurs beaucoup le nouveau personnage introduit ici, Ayshe, et qui apporte à son tour de la nuance dans l’histoire. De ce fait, je me demande vraiment comment tout le monde pourra s’en sortir, ou du moins être satisfait par la suite des événements.

C’est vraiment une bonne idée d’introduire un fragment du passé, surtout à ce moment clé de l’intrigue. Il y a d’ailleurs des clins d’œil au présent, notamment avec les personnages mis en scène et leurs idéaux. Je suis ravie d’en savoir enfin plus sur la promesse initiale, et les circonstances glaçantes autour. Mais quelle tête aura la nouvelle promesse qu’Emma souhaite conclure ?

Le dernier mot
Un tome qui pose les derniers éléments avant d'enchaîner sur l'arc final. Je suis ravie de tout ce qui a été introduit ici en terme de révélations ainsi que l'évolution des personnages, et je sens que la suite va être tout aussi incroyable.

Chroniques des tomes précédents

14.11.20

Cursed



❝ Nimue a échappé au massacre de son village. Sa mère, avant de mourir, l'a chargée d'une mission : remettre l'épée du pouvoir à Merlin, le sorcier redoutable.
Accompagnée d'Arthur, faux chevalier menteur et séducteur, et de la dévouée Morgane, Nimue sent grandir en elle la magie noire et ancestrale de l'épée.


L'arme fait d'elle une combattant féroce, rebelle, et le seul espoir de son peuple : la Sorcière Sang-de-Loup. Mais Nimue n'est qu'à l'aube de son destin. ❞
J'avais plutôt hâte de découvrir ce roman qui a fait un petit peu de bruit à sa sortie, malgré les avis mitigés dessus. J’en ressors satisfaite, surtout que je n'avais pas d'attente spécifique !

Nimue est une jeune femme maudite, et de par ses pouvoirs étranges - sans oublier son attitude désagréable, son village la fuit, la déteste, la méprise. La réciproque est valable, puisque Nimue désire partir vivre sa propre aventure, tout comme Gauvain, un ami d'enfance. Seulement, après une fugue, elle découvre que tout son village a été massacré par des Paladins Rouges. Pire : elle est recherchée par ces soldats car elle possède une épée convoitée par bien des personnes influentes. Son voyage ne fait que commencer...

C'est une réécriture du mythe arthurien assez sombre, très violente. Cela m'a plu, mais ça ne sera pas fait pour tout le monde, c'est une certitude. Les femmes ont d’ailleurs un rôle plus important : elles sont fortes, courageuses, audacieuses. Nimue et Morgane sont passionnantes à suivre et à découvrir ainsi. D'autres personnages de cette légende sont surprenants à aborder ; je pense notamment à Lancelot, un jeune homme loin de son image idéal, ou encore Genièvre, qui fait une entrée fracassante.

J’ai eu du mal à accrocher au début, surtout à cause du caractère imbuvable et capricieux de Nimue ; mais lorsqu’elle commence à croiser Arthur, Morgane ou encore Merlin, je ne pouvais plus décrocher jusqu’à la fin. Il y a énormément d’action, de drama, de combat, d’infiltration : je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer avec ce récit assez complexe. La romance, pour mon plus grand plaisir, n’est pas un élément principal de l’histoire, surtout qu’elle n’a pas su me conquérir – mais à ce sujet vous commencez à savoir que je suis difficile !

Il y a aussi beaucoup d’enjeux politiques entre les différents royaumes et même entre peuples : les alliances (temporaires ou non) ainsi que les trahisons sont légions. Et si j’ai vu venir certaines révélations, j'ai eu quelques petites surprises. En ce sens, Merlin reste mon personnage préféré du roman, surtout avec sa répartie !

Petit bémol : je n’accroche pas vraiment aux illustrations de Frank Miller. Ce n’est pas un style qui me parle et surtout qui m'évoque un univers de fantasy, surtout avec ces traits bruts. Cependant, certaines illustrations sont colorées, ce qui est plus chouette à regarder.

Le dernier mot
J'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui a su reprendre le mythe arthurien de façon originale, moderne et intrigante. Une fois passé les chapitres introductifs j'ai été absorbée par la quête initiatique de Nimue, tout comme par les personnages qui vont graviter autour d'elle. Si la suite existe un jour, je compte bien la lire.

11.11.20

Dracula l'Immortel



❝ En 1888, six intrépides ont réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l'un d'eux a laissé la vie les poursuit.

Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d'une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l'ombre de Dracula semble à nouveau planer... Les héros d'autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d'une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l'immortalité. ❞


Cela faisait quasiment deux ans que ce roman traînait dans ma PAL, et ayant plutôt bien aimée Dracula, premier du nom, j'étais intriguée par cette "suite". Mais au fil des chapitres mon enthousiasme est vite retombé, j'ai même failli abandonner à plusieurs reprises. C'est bien une des rares fois où je suis aussi déçue par une lecture...

Je ne le fais pas souvent d'habitude, mais je reste contente d'avoir lu les notes des auteurs à la fin du roman afin de comprendre pourquoi ils sont arrivés à ce résultat... étrange et catastrophique. Il y a d'abord une histoire de droit d'auteur et de volonté à redorer le blason des Stoker, et là-dessus je ne peux pas juger les choix de la famille, c'est trop personnel. Mais il y a une deuxième raison, la plus importante : faire revivre ce vampire à travers une histoire moderne qui remplie tous les trous du roman précédent (surtout sur des propos ambigus ou l'histoire de certains personnages), tout en plaisant à un maximum de personne. Et c'est là que le bât blesse...

A vouloir contenter tout le monde et fermer les frontières de l'imagination des fans, l'histoire part dans tous les sens avec trop de points de vue et de flashback, ajoutant au passage une intrigue policière qui ne sert absolument à rien puisque l'on sait déjà tout autour de Dracula et le groupe de Jonathan & cie (si vous n'avez pas lu le roman d'origine, la lettre du début dévoile les grandes lignes). Pour ajouter un peu de piment et d'action, il y a un deuxième antagoniste, Jack l'Eventreur, qui se pointe au milieu... sans parvenir à relever le récit. Par ailleurs, justifier son rôle de "méchant" à cause de son viol et du non respect de sa sexualité, c'est assez bof comme message. Les auteurs sont même allés jusqu'à bouger des lieux et des dates pour coller à LEUR suite et non au matériel d'origine, créant de nombreuses incohérences. Je reste donc dubitative sur ces choix, qui ne sont pas les meilleurs à mon sens.

De plus, l'horreur moderne ne correspond pas à cet univers et à ses personnages, ça ne rend pas vraiment hommage à cette bande qui a su me plaire auparavant... Dites bonjour au gore à foison, aux protagonistes hantés par leur passé, alcooliques ou drogués, absolument pas attachants, et dont le destin m'a laissé perplexe. Si j'aime les dramas et la fatalité dans la fiction, ceux-là étaient trop prévisibles ; vers la fin cela tenait même plus du running gag qu'autre chose. C'est franchement dommage, car il y avait de bonnes idées, notamment autour de Dracula et de Mina. Mais là aussi c'était assez mal exploité, la fin en est la preuve.

Le dernier mot
Pour être honnête, cette "suite" est franchement dispensable et décevante. Le roman est bien trop long pour ce qu'il a à offrir, et si les auteurs avaient de bonnes intentions au début du projet le résultat reste bien en-deçà du roman d'origine, avec une écriture maladroite. Je suis déçue par les protagonistes et leur évolution, par les intrigues inutiles, par cette vision du vampire malgré des idées intéressantes et osées.

8.11.20

Ici et maintenant



❝ Suivez les règles.
Souvenez-vous de ce qui s'est passé.
NE TOMBEZ JAMAIS AMOUREUX.

Voici l'histoire de Prenna James, une jeune fille de dix-sept ans qui a immigré aux Etats-Unis, à New York, à l'âge de douze ans. Mais Prenna ne venait pas d'un autre pays. Elle venait... d'une autre époque, du futur. Prenna et ceux qui ont fui avec elle jusqu'au temps présent, doivent suivre un ensemble de règles strictes pour assurer la survie du genre humain : ne jamais révéler d'où ils viennent, ne jamais interférer dans le cours de l'Histoire, et ne jamais développer de relations intimes avec quiconque en dehors de leur communauté. Mais Jenna rencontre Ethan Jarves... ❞


J'ai une grande fascination sur les récits portant autour des voyages dans le temps, et de ce qui découle niveau action et interaction. Ce roman ne déroge pas à la règle par rapport à son résumé ; j'ai donc passé un bon moment, mais sans plus, la faute à quelques éléments scénaristiques assez moyens.

Nous suivons donc l'histoire de Prenna, une jeune fille venant du futur, afin d'échapper à son époque catastrophique. Elle n'est pas seule dans ce cas : une communauté entière s'est formée et est contrainte à des règles afin de ne jamais bouleverser l'ordre des choses. Ne pas parler de sa situation ni du futur. Ne pas être proche des individus "normaux". Se fondre dans la masse sans faire de bruit. Pour Prenna, au bout de quatre ans, c'est une situation compliquée mais gérable. Cependant, lorsqu'un de ses camarades de classe, Ethan, va commencer à se rapprocher d'elle, la jeune femme risque de tout faire voler en éclat. Sans compter que sa communauté a bien des secrets...

Malgré mon manque d'enthousiaste à la fin du roman, j'ai quand même appréciée certains éléments ! La science-fiction était le point fort du livre : j'ai adoré en savoir plus sur le quotidien de Prenna à son époque, ainsi que les malheurs qu'elle a enduré. Il y a une forte portée écologique qui continue d'être d'actualité (le roman étant sorti en 2014), mais ça ne s'arrête pas là. L'autre résonance impactante du récit réside dans les maladies et ses conséquences tragiques. Autant dire qu'on a littéralement les pieds dedans, ce qui est un peu perturbant. En tout cas, l'autrice est très engagée et cela se ressent dans son style, si bien que j'ai lu le roman d'une traite.

Si ces histoires de voyages dans le temps apportent des éléments scénaristiques intéressants - il y a pas mal de choses qui m'ont fait grincer des dents. Et dans un premier lieu, c'est la romance qui n'a pas su me plaire. Elle est omniprésente et gâche même le rythme du récit, déjà assez haché et rapide. Là où il y a urgence pour agir et sauver des vies, mais à la place ils s'amusent à la plage et à flirter. La perte de crédibilité du danger se fait ressentir à plusieurs reprises, surtout vers la dernière partie de l'histoire, ce qui est dommage. Sans parler des quelques révélations soit convenues, soit farfelues.

Autre chose qui m'a manqué dans le roman : le point de vue d'Ethan. C'est un jeune garçon intelligent, courageux, dévoué, mais je suis passée malgré tout à côté du personnage car ses pensées sont constamment inaccessibles. De plus, il est toujours là au bon moment, surtout pour sauver Prenna. Il y a, selon moi, une partie de l'enquête qui tombe à l'eau à cause de ces zones d'ombre. Heureusement que la protagoniste reste attachante et touchante à suivre, surtout avec une telle fin, qui pour le coup m'a surprise par son amertume. J'en suis quand même ravie, l'autrice a fait un choix osé !

Le dernier mot
Un roman qui a su me plaire pour sa dimension science-fiction, mais la romance n'est pas du tout passée, gâchant une partie de l'action ainsi que le rythme du livre. Les thématiques restent cependant bien traitées, importantes, et Prenna m'a touché plus d'une fois à travers son histoire et ses choix.

5.11.20

Le château de Pictordu


❝ Alors que Mr Flochardet ramène de pension sa fille unique de huit ans, Diane, un accident sans gravité les contraint à passer une nuit au château de Pictordu, abandonné et en partie en ruines. Ce lieu a la réputation d’être hanté : est-il vraiment gardé par la mystérieuse « Dame au voile », dont Diane croit avoir entendu l’invitation à entrer après l’accident ? ❞


George Sand fait partie de mes lacunes en terme de classique de la littérature française que j'avais réellement envie de combler. Cette nouvelle a attisé ma curiosité, de par son résumé et sa couverture intrigante. Je ressors assez surprise... car je ne pensais pas autant aimer ma lecture !

Nous suivons l'histoire de Diane Flochardet, une petite fille malade pour une raison inconnue, alors qu'elle voyage avec son père afin de revenir à la maison. Sur le chemin, la petite famille a un accident et est contraint de se réfugier la nuit dans un château réputé hanté, le château de Pictordu. Ici, une étrange femme au visage voilé apparaît à Diane et l'invite à visiter son château en ruines. Sans le savoir, cette nuit-là, Diane va être intimement liée à cet endroit, et ce pour des années...

L'histoire est courte et rapide à lire, surtout que la plume de George Sand est moderne et donc très accessible. Les dialogues sont très bien construits, tout comme les descriptions des endroits fréquentés par Diane - j'ai adoré les détails autour du château, je m'y suis vraiment cru. L'autrice réussit à construite en quelques pages une ambiance particulière, mystérieuse, et j'ai facilement compris tout l'amour que porte Diane à ce lieu au fil du temps.

Car oui, le récit ne se porte pas que sur la "petite" Diane ; on la voit grandir, atteindre la vingtaine, mais son parcours de vie, semé de doute, de tristesse, de maladie, sera toujours lié de près ou de loin à Pictordu et sa figure féminine qui la hante. J'ai été surprise pas les thématiques traitées, surtout que le public visé initialement est jeune - par certains aspects on se rapproche du conte, notamment avec les touches de fantastique. Les messages sont cependant assez beaux, avec une note d'espoir, d'acceptation, de pardon. L'histoire familiale de Diane est dure mais la conclusion n'en est que plus belle après tant d'épreuves. J'avoue avoir quand même eu du mal avec la belle-mère de Diane, odieuse et infecte dans chacun de ses mots et gestes.

Le dernier mot
Un très beau conte rempli de douceur et de mélancolie, qui permet de se familiariser avec la plume de George Sand. Diane est un personnage touchant à découvrir au fil des pages, et j'ai aimé suivre son évolution malgré des passages durs (et une belle-mère clichée à souhait).