29.7.18

[Chronique] Les Héritiers d'Enkidiev, tome 12 : Kimaati


 Les Héritiers d'Enkidiev, tome 12 : Kimaati 
2016
Anne ROBILLARD
Editions Michel Lafon
309 pages
 15€30 

• "Tel qu'il l'avait promis à Kimaati, après avoir bravé de nombreux dangers, Auroch revient à An-Anshar avec deux mille féroces hommes-taureaux prêts à se battre. De son côté, Kira se prépare à l'affrontement et divise les Chevaliers d'Émeraude en six garnisons, sous le commandement des membres de la première génération, comme autrefois. Avant de rejoindre son armée aux pieds d'An-Anshar, Onyx tente de terminer sa conquête d'Enlilkisar en unifiant les puissants et querelleurs princes Madidjins, mais comment s'y prendra-t-il? Pendant que le retour de Wellan frappe les vaillants Chevaliers de stupeur, Onyx prend rapidement les choses en main et, une fois devant sa forteresse, il défie Kimaati. Mais comment la petite Obsidia réussira-t-elle à stopper les puissants guerriers-taureaux? Et qui l'emportera, le lion ou le loup?" 

Ce tome est la conclusion du second cycle des Chevaliers d’Émeraude, une saga que j'adore particulièrement depuis mon adolescence, et je dois dire que mon avis final est assez mitigé. Cette chronique risque par ailleurs d'être plus longue que d'habitude, mais j'avais vraiment besoin d'écrire tout ce qui me passe par la tête.

Le gros point noir du tome - et de ce cycle - est la quantité de point de vue et d'histoires. Les personnages étant nombreux, il est compliqué de se plonger dans un chapitre avec un groupe car dans le chapitre suivant on se retrouve de l'autre côté d'Enkidiev, à Enlilkisar, avec un autre groupe, et ainsi de suite; le tout entrecoupé de passages avec les Immortels devenus humains qui tentent de vivre "normalement". Résultat : je me suis attachée à très peu de nouveaux personnages car je ne me sentais bien qu'avec les anciens (que j'avais pris le temps de connaître avec la saga précédente et dont j'avais hâte de suivre les aventures ici). Je manquais de repère sans eux. Et c'est avec regret que bien des personnages dont j'attendais le retour sont restés dans l'ombre jusqu'à la fin...

J'ai adoré suivre la fin de la conquête du continent par Onyx, Wellan et le reste de sa famille; mais au bout du douzième tome c'était assez redondant : Onyx débarque dans une région, se retrouve face à une figure d'autorité, lui montre ses pouvoirs - Onyx dans toute sa splendeur -, raconte son speech sur son désir d'être le roi du continent sans non plus être imposant dans leur vie quotidienne, un accord est conclu alors direction la région d'après. C'était trop facile, j'avais espéré plus de difficultés et de résistance pour atteindre son but. En même temps vu les pouvoirs surréalistes que lui a donné l'autrice il était compliqué de lui mettre des bâtons dans les roues... Heureusement qu'Onyx reste fascinant à suivre dans sa psychologie et dans son attitude, sinon cela aurait été plus ennuyant à lire, surtout lors des trajets. Cela dit, ce groupe a permis d'introduire les coutumes locales et les traditions des habitants : Anne Robillard a toujours eu beaucoup d'imagination pour créer des univers et des peuples intéressants à découvrir tout en restant cohérent, et c'est par le biais de Wellan que l'on découvre le lore. Et moi le lore, j'adore. J'ai d'ailleurs une préférence pour le peuple Kentauros que l'on voit dans la première partie du tome.

Comme dans les précédents tomes Anne Robillard va chercher à caser ses protagonistes en couple afin d'apporter un peu de douceur dans son monde et de ralentir le rythme du récit. Là aussi je déplore un défaut majeur : je trouve que les personnages rencontrent bien trop facilement leur âme sœur et se marient à la vitesse de l'éclair. Alors, à l'exception du couple Theandras/Roldan que j'ai trouvé adorable, je ne sais pas quoi dire des autres tellement c'était rapide et peu intéressant pour le reste de l'intrigue, et je me doute qu'on ne reverra jamais leurs potentiels enfants dans le troisième cycle... Le pire vient probablement d'Aquilée, dont le principal rôle dans ce tome est de faire sa potion d'amour pour Fabian et d'aller le rejoindre au château pour l'utiliser. J'en suis triste pour elle. Je ne suis pas branchée romance certes, mais on est quand même bien loin des histoires d'amour de Wellan, Bridgess et Santo ou encore de Kira et Sage.

D'autres personnages ont cela dit attisée ma curiosité : d'abord Tayaress (qui aura été mystérieux et imprévisible jusqu'au bout) et surtout Sappheiros, qui a de belles motivations de vengeance mais qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe à la toute fin. Briag était amusant à suivre, j'aime son côté naïf quand il découvre le monde extérieur. Hadrian n'a pas vraiment brillé dans ce tome, j'avais pourtant attendu avec impatience ses retrouvailles - et ses explications - avec Onyx mais c'est passé à la trappe; pareil pour les retrouvailles avec Wellan et le reste des chevaliers. Il y avait de la matière pour faire un dernier tome magistral avec de l'émotion, mais à chaque fois c'est tombé à côté pour aller vite à l'essentiel et c'est dommage.

J'avais également beaucoup d'attentes pour le combat final. Après tout il y avait assez de mystères et de chapitres consacrés à la recherche de l'élue, notamment avec le groupe de Lassa, Briag et Hawke (même si l'identité de cette dernière était loin d'être cachée, bien au contraire, c'était raté pour l'effet de surprise); et cela faisait plusieurs tomes que Kimaati imposait sa puissance. Et... pas de chance, encore loupé. Si j'ai adoré retrouver les anciens commandants pour l'élaboration de leur plan d'attaque, ce passage était malheureusement trop court. Et quand arrive ce fameux combat final, le constat est le suivant : en deux chapitres c'est bouclé. Le duel Onyx/Kimaati n'était pas si extraordinaire que ça - le résumé était pourtant vendeur -, l'élue a accompli son rôle mais la mise en scène était absurde, et je suis restée avec de multiples questions sans réponse. On est bien loin des combats épiques et tragiques des Chevaliers d’Émeraude. Cela dit l'épilogue rattrape le reste car deux personnages que j'apprécie vont disparaître sans laisser de traces, Kira et Onyx offre une (toute) petit scène touchante, Sappheiros va poursuivre sa vengeance, de nouvelles perspectives pour débuter le troisième cycle, celui des chevaliers d'Antarès.

En conclusion, beaucoup d'attentes et d'espoir pour finalement de la déception. L'autrice rate des occasions intéressantes pour ses protagonistes et leur relation, la faute à des points de vue nombreux et pas tout le temps intéressants. C'était le tome de la facilité, autant dans la conclusion que dans les objectifs à atteindre (en même temps le scénario a été généreux en puissance magique et en descendance divine pour quelques-uns). Ce cycle reste sympathique à lire malgré tout, il y a de bonnes idées et de bons moments à passer avec les chevaliers, la plume d'Anne Robillard est agréable et fluide à lire, mais ça reste clairement en-dessous du premier cycle. Je lirai quand même la suite par curiosité car l'épilogue relance mon intérêt pour la saga, mais je vais en attendre le moins possible afin d'éviter les mauvaises surprises.


26.7.18

[Chronique] Amies à vie


"Brune à treize ans et partage son temps entre le collège et ses copines. Pourtant, il lui manque une véritable amie. Celle à qui l'on raconte ses joies et ses peines. Un jour Sonia arrive en classe. Brune comprend tout de suite qu'elle sera cette amie dont elle rêve. Mais Sonia cache un lourd secret. Brune décide d'aider son amie... pour la vie!" (résumé de la 4e de couverture)

C'est une lecture rapide. En moins de deux heures je l'avais bouclé, mais c'était deux heures intenses. D'abord grâce à la poésie de Pierre Bottero. Cet homme a une plume qui fait mouche à chaque fois, il m'est impossible d'être insensible à ce qu'il écrit. Il s'y dégage beaucoup d'émotions : de la nostalgie, de l'espoir, de la profonde tristesse, des doutes, des interrogations. Chaque plongée dans un de ses livres me fait un bien fou, et celui ne déroge pas à cette règle. J'ai ri, j'ai versé quelques larmes, j'ai adoré suivre ce petit passage de la vie de Brune.

L'autre point fort du roman ce sont ces personnages; les deux protagonistes étant mes préférés : Brune et Sonia. Je me suis beaucoup identifiée à Brune : elle adore être entourée et passer de bons moments avec ses copines, mais elle aime également être seule pour respirer. Elle a de l'humour, de l'énergie à revendre, une famille sympathique, déteste l'injustice et possède un grand cœur. C'est pour cela que son amitié avec Sonia va être sublime à découvrir au fil des pages : elle va soutenir son amie dans une terrible épreuve, celle de la maladie (je ne spoile pas laquelle si vous souhaitez découvrir le roman). Pierre Bottero va donner de l'espoir dans la souffrance et dans l'angoisse, et ainsi prouver qu'il y a des personnes sur lesquelles on peut s'appuyer quand on a mal, quand on a peur. Comme il le dit lui-même : "C'est la solitude qui fragilise". La fin est d'ailleurs très jolie, c'est avec regret que j'ai quitté ses deux merveilleuses filles. D'autres personnages sont intéressants et plaisants à suivre : Mme Travail (qui offre un des plus beaux passages du livre) ou encore la grand-mère de Brune.

Par contre je suis un peu déçue par les copines de Brune : assez inexistantes au final, elles sont reléguées au second plan pour revenir rapidement à la fin comme si rien ne s'était passé alors qu'il y avait un réel problème. Cela dit l'auteur nous livre une bonne réflexion sur les valeurs de l'amitié, et en particulier sur la confiance. Brune a été très mal vu lorsqu'elle a commencé à fréquenter Sonia (cette dernière étant vu comme quelqu'un de problématique car séchant régulièrement les cours sans raison), et même si Brune a été maladroite par moment cela ne justifie en rien les réactions des autres filles! Et malheureusement ce comportement est (trop) réaliste, surtout à la période du collège...

En conclusion un très bon roman jeunesse, qui traite avec justesse et douceur la maladie et l'amitié, avec des personnages féminins touchants qu'il est difficile de lâcher à la dernière page. Pierre Bottero a fait fort avec ce premier roman!

19.7.18

[Chronique] Card Captor Sakura : Clear Card, tome 3


"Depuis qu'elle est au collège, Sakura s'est fait une nouvelle amie! Malgré un emploi du temps chargé, elle poursuit sa quête des Clear Cards. Un soir, en plein repas avec Tôya et Yukito, elle a soudain une absence et se retrouve entourée par des ténèbres étranges et effrayantes... C'est alors qu'apparaît une mystérieuse silhouette et une horloge. Qu'est-ce que ce personnage énigmatique essaye de faire comprendre à Sakura?" (résumé de la 4e de couverture)

Un tome un peu plus en-dessous des deux autres car ça traîne trop en longueur (et ça me fait du mal au bide de dire ça sur Card Captor Sakura). Depuis le début de ce nouveau cycle on sait qu'il y a quelque chose d'anormal autour des cartes de Clow, de la nouvelle qui habite dans l'ancienne maison d'Eriol, de la magie de Sakura, de Sakura elle-même... Des personnages comme Tôya, Shaolan et le père de Sakura savent des choses. Peut-être pas les mêmes choses, mais ils veulent en parler, sans succès. Au bout du troisième tome ça commence à devenir rageant comme situation.

Pendant ce temps Sakura continue de vivre "normalement" entre sa vie de collégienne et sa vie de chasseuse de cartes, sans se soucier de leur tracas. Et autre constat : elle chasse très (trop?) facilement les cartes, si bien que parfois, en deux pages, c'est bouclé. Le schéma est également répétitif : Sakura sent quelque chose d'anormal, elle repère la carte, hop le bâton, hop la formule, et c'est dans la poche. Dommage, on ne profite pas assez de l'aspect "magie" qui me plaisait dans la série originale. Cela dit certaines cartes sont très jolies, comme celle de Flight!

Un gros mystère plane autour de Akiho et de son majordome introduit dans ce tome. Déjà dans son choix d'habitation, ensuite dans la grande ressemblance qu'elle a avec Sakura. Elles ont une "peluche" (salut Kero), elles possèdent chacune un livre mystérieux (coucou le livre de Clow), elles ont un "ange gardien" pour les épauler (bonjour Yukito/Yue), elles n'aiment pas les même choses; j'ai déjà quelques théories à son sujet, à voir avec la suite si j'ai bon ou pas, mais elle est très loin d'être ici par hasard, c'est une certitude. J'ai donc de grandes attentes pour la suite.

L'univers reste quand même plaisant à suivre : c'est drôle, les dessins sont vraiment agréables et chouettes à regarder, le couple Sakura/Shaolan est trop mignon à suivre, Tomoyo est toujours une amie en or obsédée par ses déguisements et ses enregistrements de Sakura; de ce côté-ci je suis ravie et c'est fidèle à la série originale.

En conclusion je suis un peu déçue par la redondance des événements et ce silence pesant sur certains mystères : j'ai déjà mes petites idées pour des éléments clés de l'intrigue mais je souhaite un vrai changement/bouleversement dans le quatrième tome, car je sais que Card Captor Sakura mérite mieux.

[Chronique] Shugo Chara!, tomes 1 & 2


J'enchaîne les rééditions de mes mangas préférés, en ce moment je suis vraiment comblée! Sailor Moon (que je compte bien me procurer un jour), Card Captor Sakura, Fruits Basket, et maintenant Shugo Chara! Cette chronique va concerner les deux premiers tomes de cette réédition (ce qui englobe l'histoire des quatre premiers tomes de la série de base). Allez, un petit résumé pour les curieux.ses :

"Amu est une fille dont la réputation de rebelle cool ne correspond pas à celle qu'elle aimerait vraiment être. Un jour, alors qu'elle fait le souhait de pouvoir changer, elle découvre trois œufs mystérieux desquels naissent des Shugo Chara, des anges gardiens qui aident les enfants à atteindre leurs rêves. Un nouveau quotidien rempli de magie et d'aventure s'ouvre alors devant elle!" (résumé de la 4e de couverture)

L'avantage non négligeable pour cette série : c'est un magical girl. J'adore ça depuis toute petite. Les deux premiers tomes permettent ainsi de se familiariser à merveille avec les Shugo Chara, des représentations toutes choupis et miniatures de ce que l'on souhaite devenir; les transformations avec eux afin d'utiliser des pouvoirs (et accessoirement changer de costume); l'héroïne a également une mission bien particulière (celle de protéger sa ville d'un terrible fléau qui brise des centaines de rêves d'enfants, les œufs X). C'est coloré, c'est vivant, c'est mignon, il y a tout ce que j'aime dans un magical girl ici donc ça fonctionne parfaitement.

Mon énorme coup de cœur va pour le personnage d'Amu Hinamori, la protagoniste que l'on va suivre. Elle manque de confiance en elle, doute, s'enferme derrière une personnalité qui n'est pas la sienne mais en changeant elle va devoir affronter le regard des autres et leurs commentaires; autant de sujet qui touche n'importe qui, à tout âge. Car dans ses deux tomes Amu va en vivre des expériences : des bonnes (avec son intégration au sein des Gardiens, ses Shugo Chara qu'elle apprend à connaître, ses nouvelles amitiés...) et des moins bonnes (un Shugo Chara qui va s'enfuir de chez elle lors d'un moment de faiblesse, des proches qui déménagent ou changent d'établissement scolaire, les nouveaux Gardiens...). Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer lors de ma lecture, car il y a toujours quelque chose qui se passe et qui va transformer Amu, la faire mûrir, et c'est agréable à voir. Vous l'aurez compris : tout n'est pas non plus rose dans ce manga, mais finalement cela est plus "authentique" pour le développement des personnages et de l'intrigue.

Les autres personnages principaux sont tous aussi fascinants et plaisants à suivre : que ce soit les Gardiens qui soutiennent Amu depuis qu'elle possède des Shugo Chara, Ikuto (ami ou ennemi; en tout cas c'est un personnage ambiguë très intéressé par Amu), Utau Hoshina (elle fait tout pour venir en aide à celui qu'elle aime, quitte à être responsable des œufs X et à désirer plus de puissance, une bonne antagoniste); c'est tout une galerie de personnages haut en couleur, avec des émotions et un but bien personnel, il m'est par ailleurs impossible d'en citer un que j'ai moins aimé que les autres. J'ai cela dit une énorme préférence pour Utau, Tadase et Rima, même si cette dernière ne se montre pas sous une facette très agréable...

Côté dessin on peut vite se tromper sur le public visé : en effet ça paraît enfantin dans les traits (et les protagonistes ont entre 11 et 13 ans), mais comme je l'ai dit précédemment les thèmes traités dans cette histoire peuvent concerner n'importe qui. On parle d'estime de soi, de ce que l'on veut devenir, de s'affirmer face aux autres, de croire en ses rêves. Alors oui il y a certaines facilités scénaristiques ainsi que le fameux "Oh là là j'ai des sentiments pour pleins de garçons mignons je dois faire quoi??" de la protagoniste, mais cela reste gentillet, doux, et ce n'est pas omniprésent, un bon point vu que je n'aime pas quand la romance prend le pas sur le reste. C'est un magical girl, donc il y a aussi de l'action, des révélations et du mystère!

En conclusion c'est un bon magical girl que nous propose Peach-Pit : de l'humour, du mignon, de la magie, de l'action, beaucoup de mystères autour d'Ikuto, du cadenas d'Amu, de l'Embryon qui exauce les souhaits, d'Easter, des nouveaux Gardiens; on ne s'ennuie pas et c'est un réel plaisir de vivre ses aventures aux côtés d'Amu, Ran, Miki et Sû. Je suis d'ailleurs fan des nouvelles couvertures, fidèles à l'univers!

18.7.18

[Chronique] Fruits Basket Perfect Edition, tome 7


Fruits Basket, c'est mon manga doudou. Chaque été je me dois de le relire, uniquement pour les souvenirs qu'il me rappelle, pour les messages qu'il délivre, pour la motivation et la joie que j'en retire à chaque fois que je ferme un tome. C'est un peu comme un rituel. Un rituel qui dure depuis 9 ans désormais. Car oui, j'ai grandi avec Fruits Basket. Chaque année je comprends mieux certains personnages, certains choix, certains messages; alors qu'au début c'était flou, incompréhensible. La réédition de ce manga est une excellente nouvelle, et c'est de bonne humeur que je vais vous parler du tome 7, sorti récemment en ce mois de juillet.

Rien à redire sur la couverture, c'est toujours aussi beau, aussi épuré, et on retrouve deux personnages que j'aime beaucoup : Ritsu (le singe) et Isuzu (le cheval). Bien que Ritsu ne soit pas un des douze du zodiaque chinois que l'on voit le plus dans la série, Isuzu est en plein centre du tome.

Une grande partie du tome est donc consacré à Isuzu : son passé difficile et compliqué avec ses parents, sa mère qui l'abandonne, sa rencontre avec Haru, les sentiments qu'elle développe peu à peu à son encontre, le moment fatidique où Akito s'aperçoit de cette relation et son grave accident... Elle n'a pas été épargnée, et ce personnage est à mes yeux l'un des meilleurs que Natsuki Takaya a construit dans ce manga. Elle s'enferme dans un rôle, celui de la femme forte et solitaire qui tente de détruire à n'importe quel prix la malédiction, quitte à dépasser les limites de sa santé, alors qu'au fond elle est seule et à peur de vivre ainsi. Ce qui la rend encore plus intéressante à suivre c'est le lien qu'elle va tisser avec Tohru : d'abord réticente à l'idée de la mêler aux histoires des Soma (car refusant de voir de bonnes et gentilles personnes souffrir), elle va se livrer petit à petit à elle, car tout dans son attitude lui rappelle Haru. C'est un personnage complexe que j'ai appris à aimer avec le temps, et dont je comprends désormais le raisonnement.

D'autres personnages sont également développés dans ce tome. Tout d'abord Yuki, dont la confrontation avec sa mère lors de son rendez-vous parents/professeur ne le laissera pas indifférent et va le pousser à s'affirmer dans ses choix. De plus, il va apprendre à supporter son rôle de président de l'association des élèves tout en découvrant ses collègues, notamment Kakeru qui l'insupporte au plus haut point. J'adore ce duo car ils sont très complémentaires; c'est ce dernier qui rend le personnage de Yuki plus abordable et intéressant à suivre dans sa psychologie. Machi est également étrange dans ses agissements, ce qui va attirer l'attention de Yuki sur cette dernière et promettre de belles choses pour la suite... Et enfin il y a Momiji, dont le père va lui demander d'arrêter les cours de violon car il risque de croiser sa petite sœur Momo. Je suis tellement fan de Momiji, il a souffert dans sa vie personnelle mais il n'a jamais céder au pessimisme ou à la rancœur, bien au contraire, et les passages où il se confie sont les plus beaux car ses messages sont chargés d'espoir.

On avance un tout petit peu du côté de Kureno, même s'il ne semble pas vouloir revoir Arisa pour une raison encore inconnue, ce qui plonge Tohru dans le désespoir... On la voit d'ailleurs très peu avec Kyo, sauf lors du voyage scolaire, leur relation n'a donc pas tellement évolué. Mais tout le tome n'est pas aussi sombre et triste! Il y a toujours la pointe d'humour propre à la mangaka et qui me fait toujours rire aux larmes, ce qui donne des situations décalées avec des quiproquos, des surnoms ridicules (pauvre Yuki, il prend très cher dans ce tome quand j'y repense...), des personnages extravagants dont les réactions sont à leur image (n'est-ce pas Ayame?), des dialogues déplacées; et on découvre à la fin le fil rouge du prochain tome : la représentation d'une pièce de théâtre sur Cendrillon par la classe de Tohru, et vu la distribution des rôles rien ne va se passer comme prévu, fou rire garanti!

Comme c'est une relecture je sais ce qui se passe d'avance, et je sais que le rythme va désormais s'accélérer afin d'offrir un final émouvant qui ravage mon cœur à chaque fois. La poésie et l'humour de Natsuki Takaya forme une magnifique alchimie, ce tome le prouve de A à Z, je ne m'en lasse et m'en lasserai probablement jamais.

15.7.18

[Chronique] Phobia


J’avoue avoir acheté ce recueil de nouvelles un peu par hasard car je cherchais une lecture facile à lire en peu de temps (c’est plus agréable quand on a une pause au boulot d’une vingtaine de minutes ou pour attendre le bus). Ne connaissant ni les auteurs des nouvelles et n’ayant pas pour habitude de lire du polar j’ai donc tenté l’expérience avec ce recueil, et j’en ressors plutôt satisfaite, même si le livre était assez inégal selon moi. L’idée est quand même excellente : une nouvelle pour évoquer une phobie, et avec 14 plumes toutes différentes des unes des autres. Et en bonus, 1€ est reversé à l’association ELA (qui lutte contre les Leucodystrophies) lors de l’achat du livre, une excellente cause à soutenir !
C’est donc parti pour ma chronique de Phobia, sous forme de mini-avis (format adéquat pour des nouvelles et garanti sans spoiler à 99 % pour les curieux.ses)

    • Le refuge, Nicolas Beuglet → Une nouvelle qui bascule progressivement dans le sombre et l’horreur ; notamment avec l’apparition de son double dans la cabane (qui est l’incarnation de sa conscience dans sa solitude). Il lutte difficilement contre lui-même car il semble fuir son passé, la raison de cette virée loin de la société est d’ailleurs la chute de cette nouvelle que j’ai très appréciée, même si des questions subsiste à propos de la femme du protagoniste et de ses propos mystérieux. J’ai trouvé le duel avec son double très intéressant à suivre, surtout au niveau des dialogues, on appréhende mieux la psychologie du personnage principal. La peur de la vérité est le thème de cette nouvelle, le suspens et la tension étaient bien maîtrisés, à mon sens c’est une bonne façon d’ouvrir le recueil.

    • Lésion fatale, Jean-Luc Bizien → Une nouvelle sympathique à lire mais sans plus à propos d’une enquête sur un meurtre bien sale; cela dit j’ai trouvé la chute très amusante (surtout pour les geeks - des passionés.ées de pop-culture - ). Je n’ai malheureusement pas apprécié le personnage principal, l’inspecteur : on ne connaît quasiment rien sur lui, juste qu’il est très absorbé par son travail et investi dans ses enquêtes. Je ne dit rien sur la phobie traitée dans cette histoire car je risque de gâcher la chute!

    • Lis mes nuits, Armelle Carbonel → Une nouvelle un peu plus longue que les autres, prenant ainsi le temps de développer ses personnages, d’instaurer son ambiance de plus en plus glauque et de voir Aurora plonger doucement dans la folie dû à sa phobie du noir/de l’obscurité, avec son copain à ses côtés. L’histoire est entrecoupée par des passages de son psychologue qui laisse présager que le happy end n’est pas au bout du couloir... La plume de l’auteure est d’ailleurs très agréable à lire, fluide. Le dénouement final est assez abrupt, mais après réflexion c’est de loin une de mes nouvelles préférées du recueil pour les raisons que j’ai cité au préalable.

    • Phobia, Sonja Delzongle → Une nouvelle composée de plusieurs quotidiens, avec des protagonistes uniquement liés par un événement catastrophique pour l’humanité : Phobia. Si j’apprécie l’idée de base, certains personnages sont plus intéressants à suivre que d’autres : ainsi j’ai adoré suivre le couple homosexuel et leur fils, mais un peu moins les autres, assez effacés/discrets au final, ce qui est pour le coup assez dommage pour ce projet. La plume était simple mais un peu plate à lire.

    • De l’ombre à la lumière, Damien Eleonori → Alors là, ça va être court : je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. Le récit était emmêlé de plusieurs points de vue sans savoir tout de suite qui est qui, le découpage entre les scènes est également étrange; ainsi je n’ai pas compris la chute, ou alors j’ai une vague idée mais c’est trop tiré par les cheveux et bizarre. Je n’en garde pas un bon souvenir.

    • Dans le ventre de la bête, Johana Gustawsson → Là aussi petite déception, car j’avais rapidement deviné le plot twist autour du protagoniste, traumatisée par la scène macabre dont elle a été le témoin. C’est dommage car la nouvelle m’a plu, bien qu’assez horrible à lire sur certains passages, notamment dans l’attitude et les pensées du protagoniste à partir d’un moment clé. En même temps quand un des personnages à la phobie d’être enceinte et le devient malgré tout, ça fait assez peur… Probablement une des nouvelles les plus dures à lire.

    • 1 + 1, Nicolas Koch → Alice, la protagoniste, est phobique des chiffres dans cette nouvelle; son psychologue va donc remonter dans ses souvenirs durant ses séances afin de la « guérir » et de l'aider. J’aime beaucoup cette histoire : l’horreur qu’a vécu Alice pendant sa scolarité est racontée avec beaucoup de réalisme, on ressent son angoisse (personne ne la croyait, famille, professeur ou camarade de classe), elle va d’ailleurs lentement sombrer dans la folie et ne plus savoir ce qui est vrai ou non tant les chiffre l’obsède. Le dénouement est prévisible pour Alice, mais pas spécialement pour le psychologue qui s’occupe d’elle, ce qui achève l’histoire de façon glauque… Ma deuxième nouvelle préférée! (oui j'ai des goûts étranges)

    • La mort, tout le temps, Mickaël Koudero → L’histoire se déroule en 1916 pendant une guerre de tranchée; je vous avoue qu’elle était difficile à lire à cause de la plume de l’auteur : beaucoup de détails, de réalisme sur les atrocités de la guerre et ses dommages, l’auteur n’épargne rien ni personne (et certainement pas ses personnages plus ou moins effrayés par la mort), surtout lorsque l’on a accès au point de vue d’un allemand qui s’apprête à tuer froidement son ennemi. Cela dit j’ai trouvé la morale de fin assez pessimiste et trop lourde après l’histoire, et je ne suis pas spécialement d’accord sur son avis à propos de l’humanité ; certes la guerre existe toujours, certes il y a des lâches qui ne répondent que par la violence à cause de la peur, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. L’espoir existe toujours, on avance lentement sur certains sujets (là où d'autres régressent), mais on doit sans cesse travailler sur nous-même pour faire un monde meilleur, pour que la violence ne soit plus LA solution facile...

    • Du bruit au plafond, Chris Loseus → Je ne suis pas fan de cette nouvelle, après tout les araignées sont de retour, et pour le pire! Les derniers passages étaient pénibles à lire car j’avais les images en tête, et c’était assez dégoûtant pour être honnête… Je n’ai pas non plus apprécié le personnage principal, trop flou et inaccessible pour moi; et je n'ai pas compris l'intérêt d'introduire Andrea car elle ne sert clairement à rien. A ne pas lire avant de dormir!

    • Raymond, Ian Manook → Là aussi je n’ai pas aimé ma lecture, mais alors pas du tout. Que ce soit les deux protagonistes (absolument pas attachants dans leurs personnalités et leurs actions), le dénouement (des retournements de situations par dizaine si bien que je me suis perdue à un moment) et le langage utilisé (uniquement des dialogues, avec du langage grossier/familier, au bout de la troisième page c’est lourd). Pas mémorable donc.

    • Je t’aime à la phobie, Eric Maravélias → Quand l’amour croise le chemin du protagoniste, pourtant phobique des femmes, ça donne cette nouvelle absolument difficile à lire au fil des pages ( /!\ le dénouement est d’ailleurs à ne pas mettre dans toutes les mains car on parle de viol sur mineur, désolée pour le seul spoil de cette chronique mais c’est important de le préciser avant la lecture /!\). Je n’ai donc pas éprouvée d’empathie pour le protagoniste, même si sa mère ne l’a pas aidé à se sentir mieux, ses actes sont impardonnables, en plus de le rendre sadique.

    • Tue, Maud Mayeras → Ce n’est qu’en écrivant cette chronique que je me rend compte du jeu de mot avec le titre, j’aime bien la subtilité! En effet, il donne le ton de la nouvelle - ainsi que son macabre dénouement -, mais il met également en avant sa particularité : l’utilisation de la deuxième personne du singulier afin de suivre les pensées du personnage principal. Malheureusement je n’ai pas réussi à m’attacher à la protagoniste, mais ce qui est intéressant c’est le traitement de son comportement qui est « réaliste » : les histoires d’amour qui finisse mal, on en voit dans les faits divers (certains sont bien flippants…) ; et la tuerie organisée dans cette histoire fait aussi écho à notre réalité, impossible de ne pas avoir des images en tête donc; à ne pas lire si on est sensible!

    • Verdict, Olivier Norek → La troisième et dernière de mes nouvelles préférées. On touche ici aux dérives de la télé-réalité dans notre société, où l’être humain souhaite regarder des émissions de plus en plus dangereuses, mortelles… Le monde, les sentiments dépeint par Olivier Norek sont saisissants et inquiétants, surtout pour Moon, la réalisatrice de « Verdict », une émission dans laquelle le perdant meurt dans une mise en scène atroce. Tout simplement. Le dénouement est d’ailleurs ironique pour Moon, bien que bouleversant dans les conséquences; mais cela traduit bien les dérives de la télé et de ses émissions, ses victimes directes et indirectes, c’était une vraie claque.

    • Bisou, Niko Tackian → Une nouvelle assez courte mais absolument pas mémorable à mon sens; je trouve que c’est dommage d’achever ce recueil par cette histoire (après elles sont classées par ordre alphabétique des auteurs…). Je n’ai pas spécialement compris le geste d’Henri : un quotidien redondant ? Une envie de se sentir le plus fort ? Une liberté qu’il ne peut pas avoir à cause de sa famille ? Cette dernière question est discutable ; quoi qu’il en soit je vénère le chat Bisou pour son intelligence, car il nous livre un dénouement dans lequel le karma est roi!

En conclusion c'était une bonne lecture dans l'ensemble, bien qu'inégal (quelques sujets sont plus accessibles que d'autres, il y a des choix d'écriture et de scénario, et il ne faut pas être sensible dans certaines nouvelles). Mais c'était une excellente occasion de découvrir de nouvelles plumes, notamment Olivier Norek qui a été une révélation pour ma part.