29.9.19

[CHRONIQUE] Devil inside, tome 1


Devil Inside, tome 1 – Satoshi ÔBE & Ryô OGAWA
Éditions Komikku – 190 pages – 7€99


« Yûki Ôgawara, un redoutable tueur en série que la police n'a pu mettre sous les verrous qu'avec l'aide de Jun, un lycéen surdoué et détective amateur, s'évade pour prendre sa revanche sur le jeune homme. Mais ce dernier est hanté par d'autres démons, au sein de sa famille et de lui-même. Tout converge lors d'une nuit d'horreur au manoir familial qui verra la naissance d'un monstre hors du commun ! Plongez dans un thriller cérébral où s'affrontent le bien et le mal dans un duel diabolique ! »


La série est courte (seulement trois tomes) alors je compte quand même la terminer pour la beauté de la chose, mais ce premier tome est une déception totale. Je suis passée à côté de l’histoire, des personnages, malgré de bonnes idées restées en surface.

On va suivre un jeune homme du nom de Jun, qui a su aider la police par le passé en arrêtant un grand criminel, Yûki Ôgawara, grâce à ses talents et à son intelligence. Seulement ce tueur en série va se libérer et chercher à se venger à tout prix de Jun ; ce dernier a d’ailleurs d’autres problèmes inquiétants car son frère se mêle de sa vie privée et bouscule ses convictions. Pire : il va avoir beaucoup de mal à cacher un terrible secret… Jusqu’à la soirée fatidique où le sang et les morts vont pleuvoir.

Le manga est assez violent, oui. On le présente avec des points commun au manga Death Note - dans le côté « thriller cérébral » - : pourquoi pas, c’est en effet l’idée qu’inspire le résumé et j’étais curieuse de le lire pour ça (Death Note est un manga que j’ai énormément apprécié dans mes années collège). S’il n’est pas à mettre dans toutes les mains ce n’est pas uniquement à cause du nombre indécent de mort, des tortures mentales pratiquées et du sang qui assombrit la quasi totalité des pages ; c’est surtout car cette violence est gratuite et mal exploitée, si bien que je ne suis pas sûre de l’utilité de toutes les scènes (notamment celle d’un [TW] viol sur le personnage d’Akane [TW]).

Pourquoi ça n’a donc pas fonctionné avec moi ? C’est surtout à cause d’un grand problème dans le rythme du récit. Les événements sont trop découpés dans le temps, les scènes d’actions sont fouillis, plusieurs années se sont déjà écoulés entre les premières pages et les dernières, et ce rien que pour un premier tome ! Je trouve cela trop rapide pour se familiariser avec l’univers... J’espère donc que les autres tomes seront plus posés dans la temporalité.

Du coup, difficile de s’attacher aux personnages, de comprendre leur véritable motivation (Jun est un exemple parlant, mais je ne peux pas en dévoiler trop non plus sans spoiler outrageusement l’histoire). Il y a même une révélation que je n’ai pas tout de suite comprise tant s'est arrivé comme un cheveu sur la soupe, et pourtant c’est un détail important !
Que dire sur Akane, amie d’enfance de Jun et grand amour du jeune homme, à part que j’ai halluciné car les sentiments étaient mal amenés et pas très réaliste ; ses réactions étaient donc, à mes yeux, disproportionnées. Le frère de Jun, Akira, est juste répugnant, je suis bien contente de ce qui lui arrive. Kôichi aurait pu me plaire si seulement son rôle dans l’affaire était plus clair. Pour ce qui est de Yûki Ôgawara c’est juste un psychopathe parmi tant d’autres, et même avec les explications sur son comportement je n’éprouve aucune pitié pour lui. Tous ces personnages manquent de profondeur, on est loin, dans le même genre, d’une Misa Amane, d’un Kira et d’un L…

C’est extrêmement dommage que les points négatifs soient nombreux car comme dit précédemment il y avait de bonnes idées. D’abord le fait que certains personnages soient dotés d’un don mental puissant mais aux conséquences terribles : cet élément aurait pu être creusé d’avantage pour livrer des scènes monumentales, haletantes, que ce soit pendant un combat ou non.
Ensuite, l’enquête sur la soirée tragique au manoir : l’inspecteur Maejima est sans l’ombre d’un doute le seul personnage que j’ai trouvé intéressant et attachant, surtout qu’il a eu un chapitre entier sur son histoire (sa carrière, son histoire d’amour avec Makoto, sa vie de famille, sa carrière). Mon enthousiaste a vite était balayé par une scène mais les dernières pages relancent mon intérêt pour le titre, et c’est uniquement pour ça que je compte bien lire le reste. 
Je termine sur les bons points avec les dessins de Ryô Ogawa : c’est dérangeant de voir autant de sadisme, de folie et de haine ; les visages sont expressifs (parfois trop mais je pense que c’est le but recherché), je retrouve là-aussi une inspiration à Death Note mais c’est maîtrisée et ça fonctionne pour moi. De plus Makoto est vraiment mimi, je suis bien contente de savoir qu’elle aura de l’importance dans le prochain tome !

Pour conclure ce n’est donc pas une découverte exceptionnelle, les aspects négatifs l’emportant sur les rares bonnes idées. Pour la suite j’attends donc une enquête remplie de danger, de fausses pistes, de poursuite, d’action, de drama psychologique, avec des protagonistes mieux développés et qui sortent du lot. Et que le don de Jun soit mieux mis en avant !


« Cette sensation... Je m'en souviens, elle ne me quittait jamais quand j'étais petit. Quelque chose que la raison peine à réprimer martèle les portes de mon cœur. Le monstre dont parle mon frère ! (...) Il m'avait laissé tranquille jusqu'à maintenant, alors pourquoi ? Est-ce que mon frère l'a réveillé ? »

24.9.19

[CHRONIQUE] Beastars, tome 4


Beastars, tome 4 – Paru ITAGAKI
Éditions Ki-oon (Seinen) – 208 pages – 6€90


Attention aux spoils dans le résumé !

« Pour préparer le festival de la météorite, le club de théâtre envoie un groupe de carnivores faire des achats en ville. Mais les lycéens s'égarent dans ce décor inconnu... Leurs pas les mènent jusqu'aux ruelles d'un sinistre marché, un lieu où les êtres vivants sont une denrée comme une autre.

Si Bill convainc facilement le reste de la petite équipe de se laisser tenter, Legoshi s'enfuit, écœuré... et tombe entre les griffes d'un mystérieux panda. L'animal, qui se prétend docteur, le met en garde contre les risques d'une amitié avec une lapine : d'après lui, le jeune loup finira inévitablement par dévorer Haru un jour ! »


J’avais conclu ma dernière chronique là-dessus : je pressentais l’importance de Legoshi, Louis, Haru et Juno, tant dans les liens qu’ils vont tisser entre eux que dans le lot de surprise et d’émotion qu’ils peuvent me réserver. Ce tome a frappé juste, très fort, et l’histoire prend désormais un tournant différent à cause des jeux de pouvoir, de manipulation et de séduction… Ce tome est une réussite, une fois de plus.

Le principal fil rouge du tome tourne autour des sentiments entre la quatuor cité précédemment, et ce pour mon plus grand plaisir. La complexité est de mise : jalousie, amour, doute, pouvoir, manipulation, secret ; la mangaka nous gâte par la psychologie assez riche de ses personnages. Chaque chapitre est une claque et un avancement décisif pour les événements à venir.

Je suis contente d’en savoir plus sur le début de la relation entre Louis et Haru, le cerf rouge est d’ailleurs plus naturel avec elle, plus avenant et souriant. C’est une autre facette de lui que j’ai découvert et qui me plaît bien. Que dire de son terrifiant passé ? Je comprends mieux son souhait et son ambition de devenir Beastar, bien que désormais il ne soit plus le seul de l’institut à vouloir le titre – ça ajoute un peu de piment, je trouve l’idée excellente -. Je suis par ailleurs émue par une petit scène vers la fin, décidément ce personnage ne cesse de ravir mon cœur.

Legoshi va en voir de toutes les couleurs lui aussi, surtout en apprenant que Louis connaît Haru, et plutôt bien même… Plus de doute possible sur ses sentiments, et le voir prendre conscience de cette vérité – qui va mettre un peu à mal sa relation avec Louis – est l’un de mes moments préférés de ce tome, sans l’ombre d’un doute. Il reste toutefois maladroit avec la lapine lorsqu’il a l’occasion de lui parler à plusieurs reprises, mais il continue dans la voie qu’il a choisi, en cherchant sans cesse un équilibre juste entre sa personnalité et son statut de carni. Il a sacrément évolué depuis le premier tome : il commence à s’assumer un peu plus ! Je trouve ce personnage extrêmement bien construit et fascinant à suivre, je me demande ce qu’il me réserve encore !

Juno a été une grande surprise, et cela m’a bien plu. Elle est de la même espèce que Legoshi, pourtant elle est différente de lui sur des tas de points. En l’occurrence, elle sait très bien ce qu’elle veut, comment l’obtenir, et ne semble pas s’arrêter à cause de la concurrence. La jalousie va aussi lui rendre visite, car elle découvre que le cœur de Legoshi est déjà pris par une autre femme… Je devine déjà plusieurs scénarios possibles, et je me demande ce qu’elle a encore sous le coude. C’est un personnage au fort potentiel, j’espère que la mangaka saura la mettre encore plus en avant par la suite.

Haru est l’objet de toutes les convoitises, et je m’attache toujours un peu plus à elle ; sa peur de vivre dans un monde en tant qu’herbi, ses doutes sur ses sentiments, sa sexualité, ce dont elle a envie de vivre mais qui ne sera pas éternel – son histoire avec Louis entre autre, les relations inter-espèce n’étant que des relations à court terme pour s’amuser -, tant de problème pour un si petit individu. Cependant elle a un fort caractère qui la rend à la fois amusante et bouleversante. J’aime la façon dont l’histoire tourne autour de ce personnage, et je pense que le prochain tome sera dans cette continuité, ce qui va énormément me plaire je pense !

Les dessins sont toujours aussi excellents, l’univers en devient captivant, soigné, expressif, oppressant. Je suis amoureuse des détails apportés dans les regards, la taille des différents protagonistes, le mélange de scènes qui sont tantôt dans l’obscurité totale ou avec une utilisation majeure du noir comme fond, tantôt dans une douce lumière bienveillante et révélatrice des sentiments. L’anthropomorphisme est une belle réussite, je tiens aussi à souligner ce point, tout est si naturel dans la gestuelle et les postures.

En conclusion ce tome m’a encore emporté du début à la fin dans l’univers de Beastars. De plus une de mes attentes principales a été comblé donc je ne peux ressortir que satisfaite de cette lecture ! La tournure que prend l’histoire principale devient plus torturée et angoissante, et je sens que je ne suis pas au bout de mes surprises pour ce qui est des protagonistes et de leur évolution. Il me tarde de lire le cinquième tome, de découvrir le résultat de ce festival de la météorite et de voir comment Legoshi va réagir à propos d’un événement.


« J'ai le souffle court, je me sens dos au mur, je souffre en permanence... Haru, tu peux sourire comme ça, alors ? Il faut que tu arrêtes parce que maintenant, c'est très clair ! Je suis tombé amoureux de toi ! »

23.9.19

[CHRONIQUE] Ranma 1/2, tome 2


Ranma 1/2, tome 2 – Rumiko TAKAHASHI
Éditions Glénat (Shonen) – 343 pages – 10€75


« Akané doit se battre contre la mystérieuse Kodachi. Hélas ! Akané se blesse la veille de la rencontre et doit trouver une remplaçante : Ranma (fille) ! Seulement, Kodachi a décidé que si elle remportait ce match, Ranma (garçon) sortirait avec elle ! Ranma (fille et garçon) va donc devoir se battre pour ne pas se retrouver en couple avec cette furie, tandis que Ryoga s'acharne à lui mettre des bâtons dans les roues... »


Mon avis sera quasiment identique à celui du premier tome, puisque la mangaka reprend les mêmes ficelles scénaristiques et humoristiques, et une fois de plus ça fonctionne très bien chez moi ! Ce second tome est donc toujours aussi drôle, déjanté, mouvementé et rempli de quiproquos amoureux.

On reste sur la thématique des arts martiaux tout en mixant ce dernier avec d’autres disciplines sportives : dans une premier temps on se retrouve avec de la gymnastique artistique et martiale – avec comme ennemie Kodachi, la sœur de Kuno ! - , et dans un second temps nous allons suivre un petit match de patinage martial – contre le duo Azusa Shiratori et Mikado Sanzen-in - . Je trouve que la mangaka arrive à combiner intelligemment ces sports, en les rendant intéressants, fascinants à suivre ; et en plus ils sont faciles à lire car l’action n’est jamais brouillonne ou confuse, malgré les personnages qui viennent au dernier moment !
Après ces matchs débarque un nouveau personnage, une jeune femme en l’occurrence : Shampoo, qui va d’ailleurs causer bien des remous dans la relation entre Akané et Ranma, surtout vu comment  le tome s’achève sur une terrible catastrophe pour Akané…

Je ne me lasse pas, pour le moment, des quiproquos en chaîne, surtout que la mangaka ne rend pas les choses difficiles à comprendre. Ainsi des personnages sont amoureux d’Akané et vont tenter de vaincre Ranma garçon ; d’autres vont être séduits par Ranma garçon mais ne pas supporter sa version fille – et inversement -. A cela s’ajoute un semblant de jalousie chez Ranma et Akané, ce qui apporte un peu de piment, même si les deux nient avoir tout sentiment l’un envers l’autre. Rien ne me fera changer d’avis sur ce duo que je ne cesse d’apprécier au fil des chapitres.

Je suis contente d’avoir aperçue assez souvent Ryoga, qui va se mêler des affaires du « couple » et tenter sa chance pour séduire Akané. Sa détermination est incroyable, mais au fond il a un bon cœur. Je ne pourrais pas dire de même pour les personnages introduits dans ce tome, qui m’ont autant fait rire que pitié. Une chose est sûre : ils marquent les esprits et ne sont pas juste de simples ennemis de Ranma, la mangaka ayant développé une personnalité propre à chacun.
Shampoo est une grande surprise, je l’ai apprécié dès les premières pages, elle a un sacré caractère et une force terrifiante ! Je suis curieuse de voir ce qui va se passer après son combat avec Akané et la situation qu’elle a provoqué.

Je regrette cependant de voir aussi peu les personnages secondaires, où sont donc passés le docteur Tofu et les sœurs d’Akané ? Et les deux papas ? J’espère les revoir au prochain tome, il y a largement moyen de les développer et de les intégrer au récit.


« - Je te préviens, j'étais pas jaloux. Mais je peux pas supporter ce genre de tombeur...
- Je ne t'avais rien demandé !
- Sympa ! Ça m'apprendra à vouloir t'aider ! C'est ton genre de mec ?
- Idiot ! Si tu avais balancé ta rondelle de poisson une demi-seconde plus tard je lui aurais fendu le menton en deux !
- T'es vraiment une brute sans aucun charme...
- Peut-être que je serai plus féminine quand je serai amoureuse de quelqu'un ! »

19.9.19

[CHRONIQUE] Astra et les gâteaux de l'espace


Astra et les gâteaux de l’espace – Philip REEVE & Sarah MCINTYRE
Editions Seuil – 219 pages – 12€50


« Astra et sa famille voyagent dans l’espace en direction de leur nouvelle planète quand leur vaisseau est envahi par une horde de gâteaux carnivores. Astra et son ami robot, Pilbeam, parviendront-ils à les arrêter avant qu’ils ne détruisent le vaisseau ? Après tout, ce sont les humains qui sont sensés manger les gâteaux, et non le contraire ! »


C’est officiellement ma première lecture de ce Pumpkin Autumn Challenge 2019, et je dois dire que ce roman jeunesse a été agréable à lire sans être exceptionnel non plus, je suis loin du coup de cœur, surtout que je ne suis pas le public cible. Il plaira sans hésitation à un lectorat jeune, surtout si ce dernier adora les aventures dans l’espace et les rencontres avec d’étranges créatures !

Nous allons donc suivre Astra, une jeune fille dont la famille – et bien d’autres – vont s’installer dans un vaisseau afin d’habiter une autre planète viable. Seulement celle-ci se situe trèèèèèèès loin de la Terre, et toutes les personnes présentes dans ce vaisseau vont devoir dormir pendant un bon bout de temps. Pourtant, au milieu du voyage, Astra va se réveiller avant tout le monde car des étranges gâteaux ont envahis l’endroit ; pire, ils sont agressifs et menacent la sécurité des voyageurs. Avec l’aide du robot Pilbeam elle va tenter de sauver tout le monde et de rattraper la grosse bêtise qu’elle a commis avant le départ...

Astra est une jeune filles assez sympathique à suivre, curieuse sur le voyage à venir, courageuse malgré la situation dans laquelle elle est plongée – en partie à cause d’elle -. Elle est pleine de vie, aime profondément sa famille, passe par des moments de doute et de frayeur : je pense qu’elle sera facilement apprécié par des lecteurs du même âge que la protagoniste. En tout cas je l’ai bien aimé !

Le récit est assez décalé dans le ton et dans l’histoire racontée, mais je trouve que l’imagination de l’auteur est amusante et originale. J’ai un petit faible pour les diverses créatures rencontrées au fil des chapitres : l’Horreur Sans Nom – mon petit préféré - , les Aspironautes, Pilbeam le robot… Ils ont chacun leur rôle, leur histoire, une évolution ; j’aurai voulu un peu d’approfondissement sur eux  et sur ce qui se passe dans l’Espace de cette fiction. Il y a du potentiel, c’est sûr, surtout que dans le lot un peuple extra-terrestre est en adoration totale sur des cuillères et des mammouths. Oui c’est vraiment le cas.

Les illustrations sont nombreuses et apportent du pep’s à la narration. Elles accompagnent parfaitement ce qui est raconté dans une page. Je regrette juste la palette de couleurs assez limitée : on trouve du noir, du orange, du gris, du blanc et c’est tout. Ça apporte un certain style particulier et je ne trouve pas ça moche mais j’aime tellement la couverture et les couleurs utilisées dessus… Surtout pour des gâteaux monstrueux !

Au final c’est un roman qui se lit assez vite, qui est déjanté, créatif et pas prise de tête, j’ai même franchement rigolé à un moment. Je ne regrette pas d’être sorti de mes habitudes livresques, ça fait du bien de lire des romans jeunesse de temps en temps, bien que je ne vais pas en garder un souvenir mémorable.


« Il saisit Astra par le col de sa combinaison et commença à détacher son casque. Mais lorsqu'il le retira, Mammouth, qui était resté niché contre la poitrine d'Astra depuis tout ce temps, jaillit dans les airs.
Les yeux des deux Aspironautes s'agrandirent et ceux-ci devinrent violets d'excitation.
- Incroyable, s'exclama l'un.
- Broknar en personne, s'exclama l'autre.
Ils activèrent leurs genouillères magnétiques et se prosternèrent devant le mammouth flottant. »

17.9.19

[CHRONIQUE] Beastars, tome 3


Beastars, tome 3 – Paru ITAGAKI
Editions Ki-oon (Seinen) – 192 pages – 6€90
2019


Attention aux spoils dans le résumé !

« Blessé lors de la représentation d'Adler, Louis n'a d'autre option que de confier son rôle à Bill... Mais, après avoir découvert le secret du tigre, Legoshi entre dans une rage folle ! Le spectacle tourne alors au règlement de comptes... Tandis que réalité et fiction s'entremêlent, le public est fasciné et la pièce devient un véritable succès.

Les élèves doivent maintenant préparer un nouvel événement de taille : le festival de la météorite ! Pour ce faire, il va falloir que les membres du club de théâtre se rendent en ville... sauf que, de son côté, Legoshi ne pense qu'à une chose : retrouver la lapine du club de jardinage ! »


La mangaka réussit l’exploit de faire un tome encore meilleur que le précédent ! C’est toujours plus sombre, toujours plus mature, l’univers continue de se développer petit à petit ; mais elle sait nous dévoiler tout ceci avec parcimonie, histoire de nous donner envie de dévorer la suite. Sans mauvais jeu de mot. En tout cas c’est l’effet que ça me donne, je dis un énorme oui pour la suite !

L’histoire de ce tome est séparée en deux parties bien distinctes : d’abord la première partie reste centrée sur l’institut Cherryton et ce qu’il se passe entre ces murs, avec les conséquences de la dernière représentation du spectacle de théâtre sur la troupe et ses futures stars. C’est également l’occasion de voir un lien particulier se tisser entre Haru et Legoshi, entre préjugés, harcèlements et quiproquos. Je suis ravie de les revoir ensemble, même pour si peu de temps, et malgré les rumeurs et les remous que cela risque de causer. Il y a de la timidité, de la maladresse, des non-dits, les hormones d’adolescents aussi, de la peur à cause des instincts de chacun – manger ? fuir ? -, mais la discussion qu’ils entretiennent est forte de sens dans cet univers. Je ne sais pas encore jusqu’où cette relation va aller, surtout qu’à ma grande surprise Louis semble aussi bien connaître Haru, et à ce sujet je voudrais en savoir plus ! Je sens que ce trio va beaucoup me plaire.

Le chapitre qui sert de coupure à l’histoire était sympathique, et une fois de plus on apprend comment cette société existe et le rôle de chacun en son sein : si précédemment nous en savons plus sur l’importance de la tonte des carnis en été, et que le festival de la météorite approche à grand pas, il ne faut pas négliger les poules pondeuses qui font les meilleurs œufs pour les sandwichs de l’institut ! Je trouve cette petite touche d’humour et de tranche de vie rafraîchissant et divertissant, j’espère que par la suite il y aura d’autres chapitres de ce style.

Enfin, la deuxième partie est à mes yeux la plus fascinante jusqu’ici. Au revoir l’institut et bonjour la ville ! Voir Legoshi et quelques personnes de la troupe de théâtre évoluer dans ce secteur renouvelle le récit et apporte son lot de glauque, de situation oppressante, de vérité sur la vie d’adulte ; une fois de plus Legoshi va devoir s’affronter lui-même et savoir ce qu’il veut garder, oublier, expérimenter… Son aventure dans le marché noir et sa rencontre avec le docteur panda vont le faire évoluer, j’étais contente de voir que malgré tout il ne souhaite pas céder à ses pulsions, même si c’est difficile, et même s'il va devoir reconsidérer sa relation avec Haru, jugée dangereuse par monsieur le panda. C’est décidément un personnage fort appréciable qui ne cesse de s’affirmer et de me plaire, à contrario de Bill qui continue de m’exaspérer, je ne l’aime définitivement pas. Je reste néanmoins un peu choquée et dégoûtée par ce qu'il se passe dans ce fameux marché noir, je ne suis pas pressée d'y retourner...

Le tome introduit par ailleurs un nouveau personnage féminin : Juno, une louve, qui va avoir le coup de foudre pour Legoshi – normal puisqu’ils sont de la même espèce -. Je ne sais pas encore trop quoi penser d’elle, mais je suis sûre qu’elle va prendre de l’importance par la suite, alors je réserve mon opinion pour le prochain tome !
A mon grand regret Louis est assez écarté dans ce tome, au profit des autres protagonistes. Je ne dis pas non car c’était important de croiser des chemins et d’entamer des dialogues, mais sa prestance m’a un peu manqué après son discours auprès des journalistes. Peut être pour revenir en force dans le quatrième tome ? Je l’espère vivement !

En conclusion ce troisième tome était une réussite, encore plus que les deux premiers tomes. Les dessins sont toujours d’une excellente qualité (les jeux avec les regards bon sang, je suis fan), tout comme l’histoire qui ne cesse de se complexifier et de s’enrichir, même dans les plus petits détails. J’ai enchaîné les surprises, les fous rires, les tensions – surtout dans la deuxième partie -, mais la mangaka sait exactement où elle va et ce qu’elle doit nous montrer, en laissant toujours planer des mystères et des zones d’ombres. Legoshi, Haru, Louis, Juno : ce sont les personnages dont je suis curieuse de voir les liens évoluer, tout comme j’ai hâte de voir ce qu’ils vont m’offrir en terme d’histoire personnelle et d’émotion.


« - Nous vivons dans un monde complexe, chacun se débrouille comme il peut, entre les secrets, les contraintes et les conflits... C'est pourquoi dans l'absolu une décision n'est jamais ni bonne ni mauvaise !
Par contre, celui qui a des convictions finit toujours par se distinguer, même s'il exprime cette foi de façon grossière ou naïve… En tout cas, c’est mon avis ! »

16.9.19

[CHRONIQUE] Ranma 1/2, tome 1


Ranma 1/2, tome 1 - Rumiko TAKAHASHI
Editions Glénat (Shonen) - 346 pages - 10€75
2017


" C'est fou comment de l'eau, chaude ou froide, peut bouleverser la vie d'un homme. Demandez à Ranma Saotome par exemple : le simple contact avec ce liquide le métamorphose en homme... ou en femme, selon la température de l'eau. Autant dire que sa vie sera tout sauf un long fleuve tranquille, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs(trices)... "


Pour moi cette réédition du manga est ma première plongée dans l'univers de Ranma 1/2 et de la mangaka Rumiko Takahashi. Je connaissais juste de nom, mais je n'ai rien lu du manga original ni vu un seul épisode de l'anime. J'étais donc curieuse du résultat, et je ressors plutôt satisfaite de cette découverte !

Pour parler brièvement de cette réédition, j'adore la couverture du manga, c'est un peu kitsch dans le ton (cela ne se voit pas ici mais en vrai la couverture est rose pétant) mais avec la collection complète je pense que ça aura son petit effet !
Il y a des petits bonus comme des colorisations de pages - en début - et des compléments de l'histoire à la fin ; dans ce premier tome on en découvre un peu plus sur Ranma, son combat contre Kuno et une interview de la mangaka sur les origines du manga qui est assez intéressante, j'espère en lire d'autres extraits dans les prochains tomes. Ce volume est assez conséquent, mais j'ai dévoré à toute vitesse les pages sans m'ennuyer une seconde, ce qui est un bon signe !

C'est donc l'histoire de Ranma Saotome, un jeune homme qui part s'entraîner aux arts martiaux avec son père dans des sources chaudes en Chine ; malheureusement les eaux du lieu sont maudites et lorsqu'ils tombent dedans ils vont être maudits ! Ranma devient donc homme ou femme selon si son corps entre en contact avec de l'eau chaude ou froide, tandis que le père devient un panda. Ce dernier souhaite cependant trouver une épouse à Ranma et en cherchant dans ses contacts son choix va se porter sur la famille Tendo, dont la plus jeune des filles se nomme Akané, qui a une personnalité de "garçon manqué". C'est elle qui sera la fiancée de Ranma, mais elle désapprouve ce choix - ce qui est réciproque -, et c'est sur cette relation houleuse et riche en quiproquo que commence le manga.

Si j'avais eu peur de me retrouver avec un festival de gags potache et redondant, je me suis assez trompée. La mangaka m'a fait bien rire à plusieurs reprises avec son humour absurde, frais, un peu gras mais jamais dégoûtant ou lourdingue, elle a trouvé un bon équilibre ! Je pense qu'il faut donc le lire sans prise de tête, sans chercher à soulever des points perturbants sur la situation de Ranma. Les situations grotesques s'enchaînent sans s'arrêter, les chapitres défilent rapidement, l'action est au rendez-vous - car les arts martiaux restent au centre de l'histoire -, de nouveaux personnages arrivent au bon moment pour renouveler l'intrigue : ce premier tome annonce la couleur pour la suite et j'adhère au programme, à condition que le schéma ne se répète pas sur les dix-neuf autres tomes prévus dans cette édition.

Les personnages sont attachants et ils ont tous un caractère fort, à l'exception des deux pères qui sont complètement à l'ouest que ça en devient drôle. J'ai déjà mes petits chouchous, à savoir Akané, Ranma et Ryoga. La relation compliquée entre Ranma et Akané est d'ailleurs un des points qui me séduit le plus car on est loin d'un bête couple qui devient amoureux en deux chapitres. Ils se parlent mal, s'évitent si possible, justifient un semblant de bienveillance derrière un masque de froideur et un simple "Si j'ai fais ceci ce n'est pas pour toi". Akané n'hésite d'ailleurs pas à frapper Ranma lorsqu'il est irrespectueux, ce qui le conduit directement chez l'ostéopathe, c'est pour vous dire que j'aime cette jeune femme et son caractère qui casse un peu les codes ! Je sens que je vais prendre beaucoup de plaisir à voir leur relation évoluer, quelques scènes de la fin m'ont d'ailleurs touchée tant ils étaient "presque" mignons. Et je valide la nouvelle coupe de cheveux d'Akané.
Pour ce qui est de Ryoga, un des adversaires de Ranma, j'étais pliée de rire à chacune de ses apparitions tant les situations et les dialogues avec lui étaient grotesques. La révélation à son sujet étant le summum du ridicule !
Je n'ai pas encore un avis bien définitif sur les autres personnages, comme le docteur Tofu, les deux  sœurs d'Akané ou Kuno - même si je déteste sa personnalité et son égo -, j'espère qu'ils seront plus approfondis au fur et à mesure des tomes.

Pour ce qui est dessins, j'aime le style expressif et mignon de la mangaka. C'est assez old school quand on lit ça en 2019, mais qu'est-ce que j'adore ! Je trouve d'ailleurs que ça n'a pas pris une ride, c'est très accessible pour de nouvelles générations découvrant ce titre - dont moi -.

En conclusion ce premier tome est une bonne introduction à l'histoire : le ton employé, l'humour de la mangaka, les personnages principaux que l'on va suivre jusqu'au bout ; si ce n'est pas un coup de cœur j'ai quand même passé un bon moment que je ne vais pas hésiter à renouveler avec le deuxième tome. Il me tarde de voir comment le récit va se démarquer et apporter un peu de nouveauté, sachant que je suis déjà sous le charme du duo Ranma/Akané.


" - Je peux te dire un mot ? Même sans cette histoire de fiançailles, tâche d'être gentil avec Akané, d'accord ?
- ... J'y peux rien, si on dispute. C'est elle qui me cherche sans arrêt !
- Mais c'est une fille bien, tu sais. Et très gentille.
- Vous avez vu ça où ?
- Tu n'as pas l'air convaincu... Tu le sauras bien assez tôt. Tu verras qu'elle a beaucoup plus de qualités que tu sembles le penser. "

10.9.19

[CHRONIQUE] Beastars, tome 2


Beastars, tome 2 – Paru ITAGAKI
Editions Ki-oon (Seinen) – 192 pages – 6€90
2019


Attention aux spoils dans le résumé !

« Malgré la mort d'un des principaux comédiens du club de théâtre, Louis refuse d'abandonner : la représentation d'Adler aura lieu comme chaque année... Legoshi se retrouve donc à faire le guet pour une répétition nocturne tout ce qu'il y a de plus clandestine.

Mais il y a pire... Dans la pénombre, la fuite d'une petite créature réveille les plus sombres instincts du loup, qui manque de dévorer l'inconnue ! Le carnivore est horrifié. Et pour ne rien arranger, voilà qu'il tombe nez à nez avec Haru, la jolie lapine du club de jardinage... qui n'est autre que sa proie de la veille ! »


Je l’avais déjà dit dans ma chronique du tome précédent : je n’étais pas loin du coup de cœur et j’attendais la lecture de ce second tome pour me prononcer à ce sujet. Bingo : je suis tombée dans l’univers de Beastars les deux pieds en avant, je suis juste fan du résultat !

On poursuit la découverte de l’Institut Cherryton, avec ses clubs – en plus du théâtre on découvre celui de jardinage et celui de journalisme - ; on aperçoit même un cours un peu particulier mais qui s’inscrit dans la bonne logique du manga : l’éco-journée, où tous les élèves doivent se rendre dans une salle propre à leur espèce afin d’être en adéquation avec la biologie de leur corps et éviter des accidents par la suite ! C’est ici que j’ai constaté que la mangaka a encore bien des choses à nous faire découvrir, son histoire est bien construite, solide, cohérente. J’espère qu’elle continuera à me fasciner de ce point de vue-ci !
Le tome reste majoritairement axé sur la représentation d’Adler et les derniers préparatifs ; cela va apporter son lot d’émotion, de surprise et de classe absolue, tout en permettant de voir un peu mieux d’autres facettes de Legoshi, Louis, et d’un nouveau personnage : Bill, un tigre à l’apparence sympathique mais qui cache bien son jeu également… Lorsque le rideau tombe pour la dernière fois sur la troupe, je n’avais qu’une envie : foncer dans la suite – j’ai déjà acheté tous les tomes sortis à ce jour, quand je vous dit que le coup de cœur est présent -

Je valide mes premières impressions : Louis et Legoshi portent à eux deux une grande partie du manga et de sa force, et je suis complètement sous le charme de leur relation extrêmement complexe et fascinante. Je ressens pourtant rarement de la tension quand je lis un livre, mais certaines scènes m’ont fait vivre une expérience particulière, j’en redemande volontiers !
Louis reste une personne froide, assurée et droite dans ses chaussures, pourtant à plusieurs reprises on peut voir cette façade s’effondrer : perte de sang-froid, manipulation, stress, envie de tout contrôler ; je ne sais pas si tout est volontaire dans ses intentions mais quoiqu’il arrive il restera mon personnage préféré.

Pas loin derrière Legoshi a aussi un excellent développement : timide, mal à l’aise avec Haru à cause d’un petit incident (cf. le tome 1), discret ; il va pourtant plus d’une fois prendre des initiatives, montrer un peu plus sa personnalité et assumer sa nature de loup, ce qui rend une scène à la fin du tome absolument mémorable à mes yeux. Sa naïveté va finir par causer un quiproquo assez cocasse qui m’a fait mourir de rire.

Haru ne m’a pas si surprise que cela, je me doutais bien que les rumeurs n’étaient pas totalement infondées, pourtant elle ne mérite pas cet isolement dans son club de jardinage, surtout qu’elle semble passionnée par ses activités. Cette réputation lui colle à la peau, mais je trouve ça adorable que Legoshi puisse penser différemment. Mieux : il souhaite la revoir malgré tout et est heureux à cette simple pensée -ah, l’amour -. J’espère sincèrement que j’apprécierai ce duo singulier.

Les autres personnages secondaires restent assez en retrait, bien qu’ils participent à rendre l’institut vivant et unique en son genre ; seul Bill va prendre un peu d’importance pendant la représentation d’Adler. Je ne suis pas spécialement attachée à ce tigre dont une révélation m’a assez dégoûté de sa personnalité. Il aura eu une bonne leçon j'espère !

Les dessins restent toujours particuliers à appréhender, mais je suis déjà habituée au style, qui se fond totalement dans l’univers et l’ambiance du titre. Il y a tellement de jeux dans les regards, l’ombre et la lumière, la différence de taille entre certains personnages, tout est réfléchi et important. Les visages sont très expressifs sans être dans l’exagération : la mangaka a réussi à créer des anthropomorphes attachants par leurs personnalités mais aussi par leurs traits et leurs attitudes.

En conclusion ce second tome est une excellente fin d’introduction à l’univers de Beastars : le ton est donné, il y a encore beaucoup de mystères dont je suis curieuse de découvrir les réponses, les personnages principaux sont tous attachants et complexes ; cela faisait un petit moment qu’un manga ne m’avait pas rendue si enthousiaste. La suite est déjà dans ma PAL alors je ne vais pas attendre très longtemps pour dévorer le troisième tome !


« Le fait que je sois fort, moi, un loup... ce n’est pas quelque chose de positif. Toi, par contre, c'est différent ! Ta force, elle a du sens. Elle est juste ! Demain, c'est elle que tout le monde viendra admirer... »

6.9.19

[CHRONIQUE] Seuls, tome 6 : La quatrième dimension et demie


Seuls, tome 6 : La quatrième dimension et demie – Bruno GAZZOTTI & Fabien VEHLMANN
Éditions Dupuis – 48 pages - 10€95
2011


Attention aux spoils dans le résumé !

« À la fin du premier cycle, les cinq enfants faisaient une terrible découverte. Ils réagissent de manière différente à cette terrible nouvelle, tout en cherchant un moyen de contacter de l’aide extérieure et de quitter cet endroit macabre et dangereux... »


La révélation à la fin du premier cycle m’a vraiment donnée envie de me jeter sur cette suite sans tarder. Je ne suis pas déçue par le début du nouvel arc, surtout qu’on retrouve rapidement l’ambiance particulière de la série ainsi que le petit groupe qu’on connaît bien – et que je trouve très attachant malgré certains caractères -.

Pas une minute à perdre et ça me va parfaitement : on reprend là où l’histoire s’est arrêtée, avec un groupe d’enfants aux réactions et aux comportements variés. J’ai bien aimé le fait que tout le monde ne se souvienne pas de ce qu’il s’est passé avant le « grand bouleversement » : je me suis retrouvée aussi démunie qu’eux, à ne pas savoir ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui va leur arriver désormais. Il y a des enfants nonchalants, peu troublés ; d’autres sont au contraire mortifiés, pensifs, perplexes. J’ai apprécié cette diversité dans les personnalités, si bien que je commence à apprécier des personnages secondaires restés en arrière-plan jusqu’ici.

Ce qui m’amène à un de mes passages préférés de ce tome : le moment où tous les personnages sont dans une église pour discuter de leur sort. Est alors évoqué la religion, les croyances, le partage d’opinion et le respect de son expression, le tout avec une pointe d’humour noir et de cynisme. C’est vraiment pertinent et cela offre de bonnes pistes de réflexions pour un public jeune.

Je n’ai évidemment pas crû une seule seconde au changement de personnalité d’un ancien personnage revenu de loin, et il va de nouveau apporter son lot d’ennui et de danger. Cela m’a permis de ne pas m’ennuyer jusqu’à la fin du tome ! Il ne cesse de diviser les enfants alors qu’il y a plus important, mais ils restent néanmoins jeunes et goûtent volontiers à son jeu « immature » et « stupide » : guerres de territoire, nom de groupe à trouver, symbole de ralliement à créer et taguer, combats de tank, enlèvements et tortures… Les protagonistes vont encore traverser pas mal d’épreuves qui vont resserrer leur lien. J’ai plus apprécié Dodji, qui va tenter de retrouver la mémoire, ainsi qu’Yvan et son courage. Par contre je n’arrive toujours pas à supporter Terry…

La fin apporte pas mal d’interrogations qui vont être, à mon avis, au cœur de ce second cycle, et j’espère enfin en savoir plus sur cette histoire de familles, cette « quatrième dimension et demie », surtout avec le retour d’un personnage qui semble être bien différent et dangereux…

En conclusion ce début de nouveau cycle démarre sur les chapeaux de roue et je ne suis pas déçue du déroulement de l’histoire, de l’évolution des protagonistes et de ce que semble annoncer la dernière page. J’ai vraiment hâte de me plonger dans la suite et d’en découvrir plus sur cet univers et ses mystères, en espérant un peu plus de danger et de frayeur cette fois-ci !


« - Mon hypothèse, c'est que, une micro-seconde avant qu'on meure, notre cerveau s'emballe, se met à penser à toute vitesse. Ça serait 10000 fois plus puissant qu'un rêve ou que du stress. Et pour notre esprit, cette dernière micro-seconde de conscience s'allongerait à l'infini et on s'imaginerait tout un univers... C'est ça que les religions appelleraient la "vie éternelle"...
- C'est fort, ton truc.
- Ouais. J'ai appelé ça : la "quatrième dimension et demie", parce que c'est une dimension cachée dans le temps, et le temps, c'est la quatrième dimension. »

2.9.19

[CHRONIQUE] Beastars, tome 1


Beastars, tome 1 - Paru ITAGAKI
Editions Ki-oon (Seinen) - 208 pages - 6€90
2019


" À l'institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l'alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !

Legoshi est la cible de toutes les suspicions. Parce qu'il était proche de Tem, parce qu'il est une des dernières personnes à avoir été vues en sa compagnie, et surtout… parce que c'est un loup. Pourtant, sensible et timide, il fait son possible pour réprimer ses instincts. Hélas, ses efforts sont vains face au vent de discrimination qui souffle sur le pensionnat…

Le seul qui pourra apaiser ce climat de terreur est le Beastar, le leader de l'école. Pour l'heure, les candidats se préparent, les élections approchent... Le favori n'est autre que le cerf Louis, étoile incontestée du club de théâtre auquel appartient Legoshi. Bien décidé à remettre les carnivores à leur place, il fait mine de ne pas craindre les crocs acérés du loup gris. Mais peut-être serait-il mieux avisé de ne pas le sous-estimer ! "


Si le résumé vous fait penser à Zootopie, en moins mignon, c'est normal : la plupart des thématiques abordées sont similaires, mais le traitement est largement différent ! J'ai enfin cédé à la curiosité en découvrant le premier titre de ce manga qui fait pas mal parler de lui - en bien -, et je comprends totalement ces avis favorables à son sujet. Ce n'est pas LE coup de cœur, mais il n'en est pas loin car j'ai adoré ma lecture !

Rien que l'histoire avait tout pour m'intriguer : des individus anthropomorphes classés en deux catégories, les herbivores d'un côté et les carnivores de l'autre ; des instincts primaires compliqués à retenir ; un meurtre qui va bousculer ce fragile équilibre ; le personnage de Legoshi qui semble à l'opposé d'un "vrai méchant loup" et qui va être la cible d'une peur et d'une méfiance injustifiées... Il faut dire qu'avec le temps je commence à avoir un petit faible pour les seinen et ce qu'ils dégagent comme message, comme ambiance mature et sombre ; à la fin de ce premier tome cette tendance se confirme une fois de plus !

L'univers est oppressant dès les premières pages avec le meurtre d'un des élèves de l'institut Cherryton et les répercussions que cela va avoir. Si on ne cherche pas forcément à enquêter sur ce meurtre - ce qui est un peu surprenant mais ce sera peut être le cas par la suite ? -, on va cependant faire connaissance de Legoshi, ce loup dont tous les herbivores se méfient "par instinct" alors qu'il est calme, discret et peu bavard. Ainsi on découvre petit à petit le club de théâtre et la pièce qui va bientôt se jouer, l'élection du Beastar - un grand événement -, sa vie auprès de ses camarades carni mais aussi sa petite voix intérieure qui lui souffle de croquer sans retenu dans une proie pour se soulager, la proie en question n'étant rien d'autre qu'une camarade herbi... Le rythme est lent et assez introductif, ce qui est normal pour un premier tome, mais j'ai adoré me plonger petit à petit dans cet univers qui semble bien prometteur !

J'ai déjà des petits chouchous dont je suis impatiente de voir leur évolution et d'en découvrir plus sur leur histoire : Legoshi et Louis.
Legoshi a un caractère solitaire et renfermé, loin de la nature du "méchant loup" qu'on lui donne à tort et à travers à cause de préjugés et de rumeurs, et si ça a collé directement avec moi j'ai été agréablement surprise de voir ce qui lui arrive lors d'une nuit noire, avec une herbi en face de lui. On sent la lutte interne et le dégoût qu'il s'inspire lui-même, cela va lui laisser des marques et le rendre plus complexe qu'initialement prévu. Je suis donc curieuse de voir comment il va se comporter par la suite !
J'ai également apprécié Louis dès sa première apparition. Il est le favori pour devenir le prochain Beastar, ce qui pour un herbi est quelque chose de très important. C'est un cerf pourvu d'ambition, classe, sûr de lui, provocateur, il n'a pas sa langue dans sa poche quitte à se faire des ennemis et attache beaucoup d'importance à la pièce de théâtre dont il joue le rôle principal avec ferveur et passion. Sa relation avec Legoshi est d'ailleurs étrange, particulière : se sert-il de Legoshi sans aucune honte ou préfère-t-il le garder à l’œil en restant en terme correct avec lui ? Seul Louis a sa petite idée, mais comme tout personnage de ce manga il reste complexe et mystérieux à appréhender. Il me tarde cependant de voir l'évolution de leur lien, je les trouve fascinant ensemble.

Je n'ai pas d'avis spécifique sur les autres personnages, il est encore trop tôt pour affirmer une préférence ou non. Cela dit ils ont leur propre personnalité et c'est un bon point, je ne me suis pas perdue dans cette multitude de nouvelles têtes à chaque chapitre. La petite Haru, un lapin nain, semble se dégager toutefois du lot à cause de son histoire avec une fille de l'institut, ce qui va la conduire à être rejetée des autres et isolée - encore une fois par la faute de rumeurs et de réputation salace -. Sa rencontre fortuite et terrifiante avec Legoshi est d'ailleurs un des points forts du tome, je suis impatiente de voir ce qu'il va désormais se passer entre ces deux-là.

Les dessins peuvent donner parfois l'impression d'être "brouillon", "bâclé" ; c'est faux - évidemment , c'est ce qui donne le charme à ce titre et conforte cet atmosphère lourde, oppressante, voire brutale dans quelques scènes. Les personnages restent cependant tous identifiables, ils sont expressifs, les plongées dans les pensées de Legoshi sont à la fois effrayantes par leur noirceur et touchantes quand il se remet en question, Louis est valorisé pour montrer son charisme, bref les planches sont travaillées et c'est ainsi qu'on se retrouve avec un manga atypique qui me plaît et me donne envie de courir acheter la suite !

En conclusion c'est une bonne surprise que j'ai ressenti en fermant ce premier tome. Je pense d'ailleurs avoir été un peu trop bavarde dans cette chronique, mais j'avais terriblement envie de vider mes pensées sur ce titre qui mérite le détour. Si par la suite il y a un peu plus d'action et toujours autant de complexité du côté des personnages - avec son lot de surprise -, je pense que ce manga pourra devenir mon préféré de l'année !


" - Je veux dire, merci ! Si tu n'étais pas intervenu, je...
- Tu aurais dû jouer la comédie de la défaite, pas vrai ? Tu comptes continuer encore longtemps dans cette voie ? J'aurais tort de te sous-estimer... Tu es plus "grand méchant loup" que ce que je croyais ! "