28.10.18

[Chronique] L'ère des Cristaux, tome 8


• L'ère des cristaux, tome 8 
2018
Haruko ICHIKAWA
Editions Glénat
196 pages
• 7,60€ 

• « Où sont mes amis ? Tu vas me les rendre !
Dans un avenir lointain se poursuit la bataille entre les cristaux, au corps immortel, et les Séléniens.
Phosphophyllite, le personnage principal, a réussi à se faire enlever par l'ennemi avec l'aide de Morion, et atterrit sur le monde lunaire. Il y trouve… » 

Ce tome est sans aucun doute le plus important et le plus marquant de cette saga, l'attente a été longue mais largement récompensée !

Comme toujours j'ai retrouvé l'ambiance particulière du mangaka, tant dans la construction de l'histoire que dans les traits de ses personnages, mais à force j'ai appris à aimer son style qui le rend unique. Si de nombreuses questions se posent dans les précédents tomes sans les réponses qui vont avec, maintenant on en sait beaucoup (même si une part de mystère reste toujours à la fin). Les révélations s'enchaînent au fur et à mesure du voyage de Phosphophyllite sur la Lune, voyage par ailleurs déroutant mais extraordinaire. Découvrir les Séléniens sous cet angle m'a ravi, ils sont tout aussi complexes et attachants que les Cristaux, et surtout on comprend enfin d'où vient cette lutte éternelle entre les deux peuples.

J'avais bien des doutes sur Vajra sa véritable identité, mais alors là... J'étais loin de m'imaginer ceci sur lui. Son rôle est encore plus important, et je suis curieuse de savoir ce que Phos va faire face à cet imposant personnage. En parlant de Phos je suis contente de le voir prendre de pareilles initiatives car elles sont de plus en plus risquées et osées, et celle qui est à la fin du tome me paraît décisive pour la suite ; je me demande si cela ne va pas compromettre sévèrement les liens entre les Cristaux. Je suis juste un peu déçue par Cinabre, je pensais vraiment qu'il allait rejoindre certains protagonistes pour le plan de Phos, j'espère qu'il y aura au bout de l'histoire un moyen de l'aider malgré tout.
J'ai eu un énorme coup de cœur pour le prince Sélénien, Aechmea. Il bascule le destin du protagoniste avec une telle force et une telle tranquillité ; tous les passages où il est présent sont d'ailleurs mémorables, tant dans les dialogues que dans les mises en scènes. Et tout comme Vajra il souhaite le meilleur pour son peuple. Cela dit je garde une petite réserve sur lui car je suis convaincue qu'il cache bien des secrets.

En conclusion j'ai vraiment hâte de lire le tome 9, de voir la mise en place du plan de Phos sur la Lune et les conséquences qui vont en découler, autant du côté des Séléniens que des Cristaux. Ce manga a un charme fou mais assez particulier, cela dit chaque tome est une agréable surprise, la preuve avec celui-ci !

11.10.18

[Chronique] Faërie



•  Faërie 
2007
Raymond E. FEIST
Editions Bragelonne
445 pages
•  20€ 

• " La maison du vieux Kessler était perdue dans les bois... Une ferme splendide et pleine de recoins, où Phil et Gloria pensaient trouver le calme, loin de la ville et de l'agitation. Mais ce que trouvent leurs trois enfants est bien différent : d'étranges histoires de clairières hantées, de lueurs qui dansent dans la forêt et de trésors enfouis... Tout un monde secret, enchanté par l'ancienne magie celtique et habité par de mystérieuses présences. S'agit-il des fées et du vieux peuple des légendes ? Ou d'êtres plus dangereux, animés de désirs inquiétants ? ... Bientôt, ce qui avait la couleur du rêve se change en un terrifiant cauchemar. Des puissances oubliées se sont réveillées et convoitent les enfants. Pire encore : leurs âmes. " 

C'est un roman que j'ai poussé jusqu'au bout pour savoir si j'allais apprécier au moins un élément à l'intérieur, et j'en ressors avec une énorme déception. Donc oui, la lecture était laborieuse mais dans le mauvais sens du terme.

Niveau histoire il y avait de bonnes idées : les parties sur les secrets de la maison des Kessler et la chasse au trésor étaient intéressantes, surtout avec toutes les zones d'ombres du défunt propriétaire et les mystères liés aux fées et à une secte, bref il y avait de la matière. Mais non seulement ça ne représente qu'une infime partie du récit mais en plus c'est assez mal amené : je me suis retrouvée à lire des pages entières de descriptions de sectes, de pratiques ésotériques, d'histoire de la religion, de complots, de voyages dans le monde avec une quantité de noms impossibles à retenir (et fortement dispensables pour la suite). Ça a plombé plus d'une fois mes séances de lecture et ça entraîne de sacrés longueurs dans la narration. Et ce qui m'a encore plus exaspérée c'est la fin. Tout ceci pour en arriver à cette conclusion et à cet épilogue je trouve ça trop facile et frustrant.

J'ai était totalement hermétique à l'aspect horreur de l'histoire, mais c'était un peu couru d'avance puisque ce n'est pas un genre que j'ai l'habitude de lire et de voir. Certaines situations étaient même clichées, ce qui m'a plus amusée qu'autre chose dans les dialogues et/ou les mises en scène - notamment lors d'une scène de possession où un infirmier ne trouve rien de mieux à dire que le gamin au plafond c'est Spider-Man (véridique) -. Je suis attristée de le constater mais le seul point véritablement positif du livre ce sont les créatures magiques. Oui elles sont terrifiantes car aucune d'elle n'est bienveillante, ou presque. Elles sont omniprésentes, vicieuses, sadiques, violentes. Certains passages sont d'ailleurs à déconseiller aux plus sensibles (TW viol). J'ai également adoré en savoir un peu plus sur la légende de la Chasse Sauvage. Mais ça reste malheureusement assez faible comparé au reste.

En parlant de clichés, je vais évoquer brièvement les personnages, gros point noir du roman. Entre l'adolescente Gabbie qui fait ses crises et qui découvre l'amour sous toutes ses formes, les jumeaux Sean et Patrick qui réussissent à se sortir des griffes du Mal malgré leur âge, la maman névrosée et phobique de l’hôpital, le papa pragmatique, l'étrange duo Mark/Gary qui s'immisce dans le plus grand des calmes chez la famille et qui ne disent pas tout sur les dangers qui les menacent - sinon ce n'est pas amusant - et le personnage alcoolique qui se révèle être d'une importance capitale à la toute fin, il n'y en a absolument aucun qui sauve les autres. Leurs interactions étaient souvent plates, banales, sans importance pour le récit, bizarres même dans les moments de confessions sur les phénomènes étranges. Impossible pour moi de compatir à leur mésaventure ou à leur joie.

En conclusion j'ai voulu lire le roman jusqu'au bout mais je pouvais m'en abstenir au vu de la conclusion décevante et de la narration assez lourde à digérer. Les personnages n'aident pas non plus à inverser la balance ; finalement seul le traitement mature et sombre des créatures magiques et des légendes est à garder.

3.10.18

[Chronique] Heartless


 Heartless 
2017
Marissa MEYER
Editions Pocket Jeunesse
599 pages
 18€50 

• " La Reine de Cœur n’a pas toujours été la terrible souveraine d’Alice au pays des merveilles. Avant d’être couronnée, elle s’appelait Catherine et rêvait de devenir la plus grande pâtissière du royaume. Mais le sort a décidé de lui jouer un vilain tour : le Roi de Cœur veut absolument l’épouser et les parents de Catherine, très ambitieux, placent de gros espoirs en cette union. Catherine, elle, veut vivre librement et aimer celui qui fait battre son cœur : Badin, le bouffon du Roi. Malheureusement au pays des merveilles, où s’entrechoquent magie, folie et monstres, les contes n’ont pas tous une fin heureuse... " 

Un livre que j'avais hâte de lire depuis ma découverte des Chroniques Lunaires - LE coup de cœur livresque de l'année dernière -, et qui me permet d'avancer dans le Pumpkin Autumn Challenge. Je savais que les avis étaient partagés pour ce one-shot : soit on l'apprécie à 100% soit on est déçu. Je dois sans doute faire partie de la deuxième catégorie car je ressors de ma lecture plutôt mitigée, même si l'histoire a beaucoup de qualités et que j'ai passé un bon moment dans l'ensemble.

Un des points forts du roman à mes yeux, c'est tout simplement son univers. Marissa Meyer a fait un boulot monstre pour emprunter des éléments chez Lewis Carroll (les personnages, les mondes, la folie et l'étrangeté de certains dialogues ou situations) pour les intégrer dans son histoire, tout en mélangeant sa propre patte. Le résultat est agréablement surprenant et efficace, les références à Alice au pays des merveilles et à sa suite, De l'autre côté du miroir, sont nombreuses et apportent des éléments pertinents sans pour autant dénaturer le récit de base. On peut donc enchaîner sans soucis avec les aventures d'Alice car ce préquel fait bien son travail et tient la route, même si le récit est assez sombre et tragique par rapport aux écrits de Carroll.

Car oui, bien que ce soit prévisible dès le début sur le sort de Catherine et son amour avec Badin (merci le résumé de la quatrième de couverture...), le drama est présent jusqu'au bout, et cela ne m'a pas empêchée d'avoir une boule au ventre à la lecture des dernières pages. Des destins tragiques, un amour impossible, des rêves brisés, la folie et la vengeance qui habitent le cœur, des morts violentes, des prises de conscience douloureuses : voilà ce que nous réserve Heartless, et j'ai trouvé regrettable que tout cela se mette en place vers la deuxième moitié du livre car j'ai bien failli abandonné ma lecture au début.

Alors que l'histoire se mette lentement en place, certes, c'est une chose ; mais là où j'ai trouvé que le roman n'était pas bon du tout c'est avec la protagoniste, Catherine. Ce personnage m'a fait hurler, lever les yeux au ciel, soupirer car elle est indécise du début à la fin. Et bien évidemment elle a un talent unique pour ne faire que les mauvais choix. De par son comportement et son attitude envers certaines personnes de son entourage - amis, famille, membre de la noblesse - je pense qu'elle s'est mis des freins toute seule pour réaliser ses rêves : devenir pâtissière, aimer Badin, sauver des vies, épouser ou non le Roi de Cœur... Et ce n'est pas l'événement fatidique du récit qui m'a donné de l'empathie pour elle, bien au contraire.
Quel dommage d'avoir une protagoniste comme ceci alors qu'il y a deux personnages qui valent clairement le coup, et qui sont également importants pour l'intrigue : Badin et Hatta. Et c'est grâce à eux que j'ai renoué avec l'histoire et que j'ai finalement apprécié ma lecture. Le premier est charmant, mystérieux, protecteur, doté d'un bon sens de l'humour et d'une plume ravissante ; j'ai adoré les révélations sur lui, ses origines et sa mission secrète. Pour ce qui est du deuxième, je ne pouvais que l'aimer car c'est un fameux chapelier doué dans son art, et qui va fuir jusqu'au bout un terrible destin... J'ai adoré sa relation chaotique avec Catherine - ce qui fait que Hatta est directement devenu un de mes chouchous -, et je suis encore choquée par les révélations le concernant et ce qu'il a provoqué de manière involontaire.

Je ne m'attarderais pas d'avantage sur les autres personnages, ils sont dans l'ensemble bien construits, avec de fortes personnalités, et font tous avancer de manière tragique le destin de Catherine - je vous avais prévenue pour la fatalité qui se dégage de l'histoire - : le Roi de Cœur est sympathique bien que maladroit en amour et au pouvoir ; Mary Ann est adorable et fidèle en amitié, cela me désole tellement de voir sa relation avec Catherine changer du tout au tout ; les parents de cette dernière sont détestables à souhait à cause de leur égoïsme ; Peter Peter et sa femme sont pleins de mauvaises surprises, honnêtement je ne pensais pas qu'ils allaient avoir autant d'importance ; le chat du Cheshire est fidèle à lui-même : mystérieux ; les Trois Sœurs sont flippantes et glauques ; et le Corbeau qui accompagne Badin est finalement attachant, je ne m'attendais pas non plus à la révélation le concernant.

En conclusion Heartless est un roman qui est séduisant grâce à son univers, son histoire tragique, son ambiance de plus en plus sombre et ses références à Lewis Carroll, mais qui souffre terriblement d'une protagoniste trop hésitante sur ses choix et d'une grande lenteur au début du récit. Cela ne m'arrêtera pas pour autant de lire d'autres romans de Marissa Meyer, bien au contraire : Le Gang des Prodiges me fait terriblement de l’œil !