29.5.19

[CHRONIQUE] Vampire Knight, tomes 1 à 4


Vampire Knight, tomes 1 à 4 - Matsuri HINO
Editions Panini (Manga) - 192 pages - 6€99 le tome
2007 (T1 & T2) - 2008 (T3 & T4)


Tome 1

" A l'Académie Cross, internat réputé, la Night Class n'est composée que de beaux et brillants élèves. Mais derrière leur apparence de lycéens ordinaires, sa cachent en réalité... des vampires !! Yûki et Zero sont tous deux des Gardiens, chargés de protéger ce secret. Yûki, convaincue d'une coexistence pacifique possible entre humains et vampires, prend son rôle très au sérieux... Alors que Zero nourrit une haine féroce contre ceux qu'il voit comme des monstres. "


J'en ai entendu parler de ce manga, une bonne dizaine d'années même ! Je suis une mordue (sans mauvais jeu de mot) du mythe du vampire et de tout ce que la fiction a fait à ce sujet ; je suis loin d'être une connaisseuse mais petit à petit je me fais ma propre culture. Je ressors globalement ravie de ma lecture des quatre premiers tomes, même si le début était compliqué, cliché et trop introductif.

J'aime beaucoup le concept de l'Académie Cross, à savoir le système de Day Class pour les humains et Night Class pour les vampires ; c'est complètement invraisemblable - comment les élèves et les profs font pour ne pas se demander pourquoi des gens étudient QUE la nuit et que personne ne doit s'approcher trop près d'eux ? - mais cela apporte une atmosphère unique et particulière. En effet si en journée je ne trouve pas le récit intéressant, c'est la nuit que l'histoire prend de l'envol, gagne en complexité et apporte son lot de mystères, d'horreurs et de drama. Le directeur de cet académie est un homme dont j'apprécie la volonté de concilier humains et vampires pour coexister pacifiquement, surtout après toutes les victimes des guerres et des attaques qui ont eu cours depuis des temps immémoriaux ; je veux aussi que ça fonctionne, mais dans les faits c'est plus compliqué, et il faut compter sur les deux chargés de discipline de l'école, à savoir Yûki et Zero, pour que les secrets de la Night Class soient préservés et que la paix règne. De l'autre côté, Kaname, un vampire au sang pur, assure la sécurité de ses pairs et surveille sagement sa classe en tant que délégué. Autant dire que rien ne sera simple.

J'ai un énorme coup de cœur pour le personnage de Zero, il est fascinant à suivre dès les premiers chapitres. On en apprend toujours un peu sur lui au fur et à mesure de l'histoire, c'est un vrai plaisir mais aussi une (petite) source de frustration car la mangaka est avare en révélation. Que ce soit dans son rôle de chargé de discipline avec Yûki, sa relation complexe avec son maître, le lien tragique qui l'unit à Maria, une mystérieuse vampire qui arrive tout juste dans la Night Class, sa haine croissante pour les vampires et Kaname... Il souffre énormément à cause de son lourd secret, et cela risque de ne pas s'améliorer avec le temps, mais j'admire sa détermination, son courage. Il porte le récit et heureusement sinon, pour être franche, j'aurais arrêté dès le premier tome.

Yûki me laisse complètement indifférente pour le moment. Fort heureusement elle n'est pas trop nunuche - elle sait se battre et a ses propres convictions - ni à fond dans la romance pour penser toutes les heures à Kaname. C'est déjà ça. Mais malgré tout elle n'arrive pas être intéressante à mes yeux, son développement est fade, surtout avec Zero juste à côté. Elle a même la fâcheuse manie de mettre son nez partout, surtout dans les affaires de ce dernier, et de s'inquiéter constamment de ce qu'il fait quand il est absent, ce qui m'agace car son comportement est nocif à la longue, elle pourrait le soutenir d'une meilleure façon. J'espère par la suite qu'elle saura lui faire confiance, tout en évitant de se mettre en danger chaque jour car là aussi c'est récurrent.

Kaname ne me plaisait pas trop non plus au début, il est vite tombé dans le cliché du "vampire ténébreux beau garçon" ; mais les quelques scènes des tomes 3 et 4 me font penser le contraire, on le voit sous un autre jour, avec une part de noirceur légèrement flippante, en contraste avec ce qu'il exprime au quotidien. Je suis donc très curieuse d'en découvrir plus sur lui et ses objectifs. Par contre s'il pouvait arrêter d'être constamment froid et distant, notamment avec Yûki, ce serait un bon point, j'ai horreur de ce type de comportement dans un couple/duo !

Les personnages secondaires sont assez en retrait finalement, ce qui est dommage car j'ai quelques visages que j'aimerai voir un peu plus souvent : c'est le cas d'Aidô, d'Ichijô et Kain par exemple, trois vampires dont les personnalités sont totalement opposés mais dont je suis friande de les voir apparaître plus régulièrement dans les prochains événements !
Autre gros reproche : l'action qui se met en place... qu'à partir du tome 4. Je trouve ceci dommage car il faut vraiment s'accrocher pour être récompensé. Les grosses révélations sont majoritairement prévisibles, à part pour l'identité du protecteur de Maria, j'avoue être agréablement surprise !

Les dessins s'améliorent en l'espace de quelques chapitres seulement, je trouve ça bien plus plaisant à lire. Je n'étais vraiment pas fan des visages trop anguleux et des yeux démesurés du début. Ça reste un shojo avec ses codes, mais voir le style "gothique romantique" de la mangaka se détacher est plus chouette à mon sens. Ainsi les détails sont plus fins, plus légers, les personnages gagnent en expression du visage et en sincérité, c'est agréable de s'attarder sur certaines pages. 
Les petites touches d'humour ici et là me plaisent beaucoup, surtout dans les strips, elle arrive à détendre l'atmosphère en un rien de temps, et c'est surtout un soulagement de les lire au vu de l'oppression, de l'horreur et du drama permanent dans cet établissement scolaire...


" - Tu es méchant, Kaname ! Tu comptes continuer à me traiter comme une enfant pour l'éternité ? 
- Ce n'est pas mon intention.
- Vraiment... ? L'autre soir... quelqu'un m'a endormi et a manipulé ma mémoire. Ce quelqu'un c'était toi, n'est-ce pas ? Tu m'as éloignée de cet endroit comme... comme on empêche un enfant de se mêler de ce qui ne le regarde pas...
- Tu te trompes. Je ne te traite pas comme une enfant. Je voulais juste te protéger. "


En conclusion après des débuts difficiles et lents dans la narration je suis enfin transportée par l'histoire de la mangaka, son univers sombre et violent, bien que tous les personnages principaux ne m'ont pas convaincu pour le moment. Même si j'adore Zero je ne trouve pas ça pertinent de lui faire porter tout l'intérêt du manga sur ses épaules. Cela dit il y a suffisamment d'éléments intéressants pour me donner envie de lire la suite et espérer gommer la plupart des (gros) points négatifs.

23.5.19

[CHRONIQUE] L'Atelier des sorciers, tomes 3 & 4


L'Atelier des sorciers, tomes 3 & 4 - Kamome SHIRAHAMA
Editions Pika - 192 pages (T3) / 192 pages (T4) - 7€50 pour l'édition simple ; 11€50 pour l'édition limitée
2018 (T3) / 2019 (T4)


Tome 3
" Pour sauver un jeune garçon, Coco a utilisé un sort pour transformer un rocher en sable. Mais catastrophe ! Son sort a eu bien plus de portée qu’elle ne le pensait, et tout le lit de la rivière s’est effondré en conséquence. Coco est accusée par la milice magique d’avoir eu recours à un sort interdit et condamnée à voir sa mémoire effacée. Elle est sur le point d’être bannie à jamais du monde des sorciers… "

Tome 4
" Agathe s’est inscrite au deuxième examen du monde des sorciers qui lui permettra de pratiquer la magie en public. Kieffrey, Coco et les autres apprenties l’accompagnent sur place, mais la présence néfaste de la Confrérie du Capuchon va bientôt venir troubler le bon déroulement de l’épreuve…
Quel est le but de cette étrange organisation ? "


Je vais avoir beaucoup de mal à être objective dans cette chronique, ce manga est rapidement devenu l'une de mes séries graphiques préférées, tout genre confondu. L'histoire commence à décoller, les protagonistes se dévoilent de plus en plus, l'univers ne cesse de s'enrichir, la menace de la Confrérie du Capuchon est sérieuse : tous les ingrédients sont réunis pour me plaire du début à la fin.

Je reste toujours autant fascinée par l'univers magique créé par la mangaka, qui ne cesse de s'étoffer et de m'émerveiller. L'introduction de la Milice Magique - déjà abordée à la toute fin du deuxième tome - m'a séduite, ils sont effrayants par leur rigueur et leur sens du devoir mais je les trouve vraiment classes. J'espère les revoir rapidement, surtout après le léger accrochage entre Kieffrey et l'un d'entre eux, Ysheath. On découvre aussi une maladie, l'argentite, dont le handicap est pesant chez les sorciers ; la magie dévoile de nouvelles possibilités de traçage et de combinaison ; la deuxième épreuve des sorciers est au cœur du quatrième tome et apporte également son lot d'histoire et d'horreur liées aux événements de la Conjuration. Je ne peux m'empêcher, comme Coco, de vouloir en savoir toujours plus sur ce monde, les étoiles dans les yeux !

Je suis vraiment heureuse de découvrir quelques facettes bien cachées / peu mises en avant des apprenties sorcières. Agathe continue progressivement de s'ouvrir aux autres et à être moins dure, sans changer son côté franc et en restant fidèle à ses objectifs. Elle travaille sans ménagement pour devenir bibliothécaire et adulte ; cela a un lien avec sa lignée, je serai d'ailleurs curieuse d'en savoir plus sur sa famille, Agathe n'ayant visiblement pas de bons souvenirs de son enfance...
Tetia est toujours pleine de vie, c'est l'opposé d'Agathe mais je la trouve tellement rafraîchissante et optimiste, elle donne la pêche. Je trouve juste un peu dommage qu'elle soit à l'écart des autres niveau développement, mais je me doute que son tour viendra en temps voulu. La grande surprise se situe du côté de Trice, le quatrième tome est révélateur de sa personnalité et de ses rêves. Elle peut surprendre par ses motivations mais dans un sens je la comprends et j'espère qu'elle restera donc fidèle à ses principes. Pour ce qui est de Coco je suis très attachée à ce personnage : elle souhaite apprendre et réussir à tout prix, en faisant l'erreur de négliger sa santé et de se perdre dans ses angoisses et ses cauchemars ; heureusement qu'elle sait désormais quoi faire et sur qui compter. Son émerveillement sur tout ce qui est magique est touchant et adorable, drôle à certains moments. Sa "naïveté" et son optimisme sont contagieux !

Pour ce qui est des autres personnages, je ne peux que continuer les éloges, surtout du côté d'Olugio, de Kieffrey et de Tarta. Olugio est très discret - pour mon plus grand malheur - mais protecteur et attentif au bien-être de son entourage. Je voudrais le voir un peu plus souvent !
Kieffrey continue à m'intriguer dans ses agissements, il semble poursuivre assidûment la Confrérie du Capuchon pour retrouver quelque chose, et souhaite absolument garder ses pistes pour lui seul. Je veux lui faire totalement confiance malgré quelques agissements "limites", et je ne peux qu'espérer en découvrir plus sur ce mystère par la suite, surtout vu la fin du quatrième tome et de la situation dans laquelle il se trouve ! Tarta est la grande révélation du troisième tome, son "secret" m'a déchiré le cœur, lui qui est serviable, gentil, sérieux et motivé dans son travail. Sa relation avec Coco est touchante, j'attends avec impatience le moment où ils se retrouveront. L'apprenti introduit dans le quatrième tome, Yinny, ne m'a pas totalement convaincu, il me fait même beaucoup de peine ; j'ose espérer que son maître perdra le droit de lui enseigner quoique ce soit car il est odieux et semble entièrement responsable de l'attitude de Yinny.

Dois-je encore parler des dessins de la mangaka ? Ils sont merveilleux, les traits sont fins, détaillés, expressifs dans les visages des personnages ; il y a des planches ou des scènes à couper le souffle, je prends volontiers plusieurs minutes à rester sur les pages juste pour contempler les moindres détails. Je n'ai donc pas résisté à l'envie d'acheter le quatrième tome en édition limitée juste pour avoir les cartes à colorier ♥


" - Allons, Tricerite ! Ces sorts ne servent à rien. Tu ne deviendras jamais une sorcière digne de ce nom en ne dessinant que ces futilités. Pourquoi tu refuses de m'obéir ? Jette-moi ces gribouillis ridicules !

Je n'ai pas envie de les jeter. Ce ne sont pas des gribouillis. C'est ma magie. Je ne renoncerai pas à ce que je suis. "


En conclusion ces deux tomes tiennent largement leur promesse et ne font que confirmer mes impressions du début : ce manga est un coup de cœur où je n'ai à ce jour aucun point négatif, aucune déception à déplorer ; la mangaka maîtrise son univers et prend son temps pour le dévoiler, en nous faisant rêver et rire, mais aussi en créant de la peur et du doute. Il y a de beaux messages sur l'ambition, le travail, la façon d'atteindre nos objectifs/rêves et l'acceptation de l'échec et de nos angoisses. L'attente du cinquième tome sera longue !

13.5.19

[CHRONIQUE] Le Faiseur de Rêves, tome 1


Le Faiseur de Rêves, tome 1 - Laini Taylor
(Strange the Dreamer, book 1 ; traduit par Sarah Dali)
Editions Lumen - 664 pages - 16€
2018


" C'est le rêve qui choisit le rêveur, et non l'inverse...

Il est une ville, au centre du désert, où nul n'a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d'interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde... Pire encore, un soir d'hiver, le nom de ce lieu de légende s'évanouit en un clin d'œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.

Quinze ans plus tard, il travaille dans la plus grande bibliothèque du monde, à Zosma, en rêvant de fabuleuses découvertes quand, de la Cité oubliée, émerge tout à coup une curieuse expédition venue recruter les meilleurs scientifiques du continent. Pourquoi diable s’obstiner à réunir ces esprits éminents ? Mystère... Et pourquoi Lazlo voit-il donc ses songes se peupler de visions étranges - à commencer par une déesse à la peau bleue pourtant assassinée, des années plus tôt, par les habitants de la ville interdite ? Qui est-elle vraiment ? Comment le jeune homme, qui ignore tout de sa légende, peut-il bien la voir en rêve ? "


Alerte coup de cœur pour cette année 2019 ! Et le tout premier en plus ♥

L'auteure a réussi à mettre en place un univers riche, poétique, complexe en quelques chapitres seulement ; j'ai adoré suivre les aventures de Lazlo, de sa vie misérable à son travail dans la bibliothèque de Zosma, son enrôlement dans l'expédition le menant à Désolation et ce qu'il va devenir une fois là-bas - et qui changera à jamais son existence. Cette cité oubliée est pleine de mystères, de haine, de terreur ; les héros ne sont pas ce qu'ils paraissent mais les Dieux ne sont pas non plus des innocents. Le malaise des habitants est palpable. C'est donc toute une nuance de gris qui se dévoile devant nous au fur et à mesure que les secrets se révèlent. On se questionne en même temps que Lazlo sur le passé de Désolation et les zones d'ombres sur sa tragédie, ça m'a vraiment plu car il n'y a rien de précipité, l'auteure manie toutes ses cartes avec précision et nous mène exactement là où elle le souhaite, et ce depuis les premières lignes.

La plume est fluide, avec un bon style d'écriture. Il y a des tournures de phrases poétiques et ravissantes à lire, sans que ce soit trop pompeux, compliqué ou mélo-dramatique. C'est juste, avec de l'émotion et quelques traits d'humour bien placé. Les passages dans les mondes oniriques sont fantaisistes, un peu perturbant par moment, mais ça reste cohérent avec le principe d'un rêve ! Finalement le rythme du récit est assez lent, il y a très peu d'actions, mais à aucun moment je me suis ennuyée, surtout que l'alternance des points de vue entre les personnages donne un peu plus de possibilité narrative, c'était intéressant. On découvre autant l'histoire de Lazlo que celle de Sarai, avec quelques exceptions - Nero, Minya -. Cette belle briquette de plus de 650 pages se lit (trop) vite !

J'ai aimé suivre la relation entre Lazlo et Sarai (mes deux chouchous du roman) : c'est dans le monde des rêves qu'ils vont apprendre à se connaître timidement, échanger leurs informations, passer de bons moments et même plus, et ce malgré leurs différences et leurs objectifs. Je suis d'ailleurs encore sur les fesses de cette fin osée, j'ai rarement lu ça pendant mes lectures, ça promet une suite terrible.
Je déteste définitivement Minya, il n'y a rien à sauver chez cette fille manipulatrice et fermée à toute émotion, à part la haine et la vengeance. J'aurai aimé en découvrir plus sur les autres enfants des Dieux, comme Faune, Rubis ou Mésange, car ils sont assez survolés et ce que j'ai lu de la relation Faune/Rubis ne me plaît pas trop. J'attends néanmoins le deuxième tome pour changer - ou non - d'avis sur eux.
J'aurai bien voulu voir plus souvent Nero, même s'il a un sacré caractère j'aime beaucoup ses interactions avec Lazlo, je suis convaincue qu'il a la possibilité d'être un personnage fascinant et plein de surprise.
Eril-Fane est compliqué à appréhender, même après avoir refermé le livre : il a de bons côtés comme de mauvais, mais son passé le hante continuellement, lui portant préjudice à plusieurs reprises. Veut-il vraiment se rattraper pour une certaine personne ou souhaite-t-il juste connaître la paix ? Je suis curieuse de voir ce qui va advenir de lui dorénavant.

Il faut bien avoir un point négatif à citer, tout n'est pas parfait. En effet c'est un peu dommage que j'ai plus ou moins deviné une des révélations majeures du récit, surtout que les indices sont distillés intelligemment un peu partout ; mais le voir concrètement c'est autre chose, la tournure des événements a pris un sacré virage ! Je suis impatiente de voir les répercussions que cela va avoir pour l'entourage de Lazlo et Désolation. Il me tarde de lire la suite !


" Sa vie était en jeu. Alors ce matin-là, tandis que le deuxième Sabbat de la douzième Lune se levait sur la ville de Désolation, Lazlo ne se demanda pas ce qu'il pourrait faire mais ce qu'il allait faire.
C'était une question noble, et si à ce moment-là, le destin avait jugé bon de lui révéler sa stupéfiante réponse, il n'y aurait jamais cru. "


En conclusion, j'ai mis du temps à le lire car je voulais savourer chaque chapitre, mais une fois que Lazlo et le reste de l'expédition arrivent à Désolation impossible de lâcher le livre. J'ai été happé par ces personnages principaux aux destins atypiques, ces mystères aux conséquences terrifiantes, ces envolés dans les mondes des rêves, l'histoire funeste des Dieux et de leurs enfants. La Cité oubliée a encore bien des choses à livrer, je n'ai qu'une hâte : me plonger dans le deuxième - et dernier - tome de la saga.

12.5.19

[CHRONIQUE] La magie du rangement (illustrée)


La magie du rangement (illustrée) - Marie Kondo & Yuko Uramoto
Editions Kurokawa (collection KuroPop) - 192 pages - 7€65
2018


" Et si pour améliorer votre quotidien et changer votre vie, vous mettiez de l'ordre dans votre intérieur?
Voici l'adaptation graphique de la célèbre méthode de Marie Kondo, pour en finir avec la pagaille et changer votre vie !

Chiaki lutte contre un appartement désordonné, une vie amoureuse chaotique et un manque de perspective sur son avenir. Elle fait appel à Marie Kondo, conseillère en rangement. Grâce à une série de leçons amusantes et judicieuses, l'auteur aide Chiaki à remettre en ordre sa maison et sa vie."


Ce n'est pas ma première approche de Marie Kondo, car je l'ai initialement connue avec la série Netflix qui lui est consacrée. J'avais bien aimé la philosophie de vie de cette femme, son amour pour le tri et l'ordre, et ce que cela entraîne comme changement chez la personne. Le livre me tentait depuis un bon moment, mais finalement j'ai plutôt opté pour la version illustrée car j'avais peur que le livre original soit trop abstrait et indigeste à lire. Je suis contente de mon choix, et dans l'ensemble c'était une très bonne lecture, malgré quelques petits points noirs.

Je redécouvre donc ses conseils sans trop de surprises ou de nouveauté, mais je suis ravie de pouvoir désormais revenir dessus quand j'en aurai besoin ! Il y a plusieurs chapitres bien définis pour chaque étape du rangement, ce qui est pratique pour retrouver un conseil en particulier. Ainsi Marie aborde les phases de réflexion du début - pourquoi vouloir ranger ? Quelle vie souhaite-t-on mener ? Nos motivations ? -, le tri des vêtements, des livres, des papiers, des "komono" (tout le reste) et les objets à valeur sentimentale. A la fin de chaque chapitre il y a un petit résumé qui explique l'essentiel de la méthode et ce qu'il faut absolument retenir. Je suis amplement satisfaite de ce condensé d'informations, et lire la toute première version ne me sera absolument pas nécessaire.

Il est vrai que ses méthodes sont "particulières" et très spirituelles, ainsi tout le monde ne sera pas touché de la même façon. Chez moi ça résonne pas mal, et j'ai même commencé à faire sérieusement du tri dans mes affaires en appliquant quelques conseils : c'est efficace et surtout, j'en ressors sans aucun regret. Je ne pense pas appliquer toute la méthode au pied de la lettre, surtout que je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit/pense Marie Kondo, mais c'est justement l'intérêt à long terme : trouver NOTRE méthode de rangement avec son aide, celle qui nous apporte cette fameuse "joie", même si au final ce n'est pas totalement parfait.

J'ai en effet un peu crissé des dents sur certains passages : oui il m'arrive de garder des vêtements uniquement car ils sont pratiques (un bon sweet bien chaud, même si les années sont passées dessus, je suis heureuse de l'avoir quand j'ai froid) ; non je n'irai pas découper littéralement des pages d'un roman juste parce que j'ai aimé un passage (à la rigueur je le fais pour des vieux magasines mais les livres, comme je les vend ou les donne, certainement pas) ; non je ne jetterai pas des papiers administratifs pour faire de la place (mais le Japon n'est pas pareil que la France, donc ce point-là est évidemment pardonnable, surtout que cette édition le précise bien).
Autre point que je souhaite souligner, et qui a son importance : Marie Kondo dit régulièrement de jeter ce qui ne nous plaît pas/plus, mais il est évident que si on peut donner à des associations, des amis ou à des gens dans le besoin c'est LA meilleure solution (si l'objet/le vêtement est dans un état correct). Cette édition le souligne aussi à une page, donc aucune excuse pour venir râler sur sa méthode ;)

Après rien ne m'a empêché de poursuivre cette agréable lecture, la majorité des conseils étant pertinents -certains sont déjà appliqués, d'autres ne devraient pas tarder ! - je ne vais pas m'attarder plus longtemps sur ces détails. A chacun de garder ce qu'il juge bon pour lui. C'est le principe !

Parlons du livre en lui-même. La version illustrée est sympathique dans l'idée, surtout pour montrer les techniques de pliage des vêtements, mais ce n'est finalement pas si bien exploité que ça. On va suivre Chiaki, une jeune femme débordée par son travail, ses nombreuses conquêtes amoureuses (qui n'ont aucun succès), et qui a sérieusement besoin de faire du rangement dans son appartement en perpétuel chantier. Son histoire ne m'a pas passionné du tout, et sa relation avec son nouveau voisin non plus, surtout que je ne me retrouve pas du tout dans sa personnalité. Elle a une belle évolution car elle réussit à rebondir au-dessus des difficultés liés au rangement, fait table rase de son passé pour se tourner vers l'avenir, ce qui donne un rapide aperçu de ce que procure un bon rangement dans un quotidien. Les touches d'humour sont bien intégrées, ça apporte un peu de rythme à l'histoire, pour pas que ça devienne rébarbatif. Je trouve d'ailleurs Marie Kondo trop mignonne ♥


" Vous ne rangez pas uniquement pour faire bonne impression quand quelqu'un vous rend visite. Vous rangez d'abord pour votre propre bien-être et pour changer votre vie ! Il suffit de vous en convaincre et le reste suivra naturellement. "


En conclusion je suis ravie d'ajouter ce petit guide illustrée dans ma bibliothèque afin de bénéficier de ses conseils quand je le veux, surtout que la plupart des méthodes de rangement me parle et sont efficaces (pour celles que j'ai déjà testé). Dommage que l'histoire intégrée au manga ne soit pas intéressante du tout, difficile de comprendre et de s'attacher à Chiaki - surtout au début -. 

3.5.19

[CHRONIQUE] Jeanne - Merwan & Gatignol


Jeanne, tome 1 : Avant les saisons / Jeanne, tome 2 : L'hiver sera doux - Merwan & Gatignol
Editions Dargaud - 102 pages (T1) - 92 pages (T2) - 12€99 le tome
2012



" Une femme douce comme la brise, un vieux bonhomme sourd comme une bielle, un renard roi du lance-pierre, une petite fille musicienne, des oiseaux ensorcelés. L'enfance, ça devrait durer toujours."



J'ai emprunté purement par hasard ces deux albums à la bibliothèque, j'avais flashé sur les couvertures et je n'ai même pas regardé le résumé au dos parce que je voulais me laisser surprendre. Je ressors de cette lecture avec un avis mitigé, malheureusement.

Je commence par les points positifs. Les dessins sont un vrai coup de cœur. C'est immersif, coloré, décalé ; certaines planches sont merveilleuses à contempler. Si le travail a été accentué sur ce côté c'est pour une simple et unique raison : les deux tomes sont très peu bavards, ce qui nous oblige à nous concentrer uniquement sur les visages des personnages, forts expressifs pour Jeanne et Pistouvi, et ça marche très bien. La peur, la concentration, la réflexion, l'émerveillement : ils sont tous les deux touchants et sympathiques à suivre.

J'ai d'ailleurs une grande préférence pour Jeanne, une petite fille pleine de vie qui va au fil des pages apprendre à grandir, avec l'aide de son ami renard, du vent et d'un vieux monsieur pas très commode... Pistouvi est mignon dans son style graphique, quoique parfois pénible, mais j'aurai voulu en savoir plus sur ses origines et la raison qui le pousse tant à redouter les oiseaux. Cela dit je pense comprendre pourquoi il n'y a aucune réponse, et cette interprétation prend tout son sens à la toute fin du tome 2. Je n'en dirai pas plus si jamais vous voulez découvrir l'histoire par vous même.

L'univers est original, très étrange par moment - je ne sais toujours pas si je dois rire de ces oiseaux ou être un peu perturbée par leur comportement - ; c'est même un monde à la limite des rêves car Jeanne est isolée dans sa maison et peu entourée. Je trouve donc ça juste un peu dommage que l'histoire ne tienne que sur deux tomes car j'aurai voulu en (sa)voir un peu plus, je n'en ai pas assez profité pour m'en imprégner convenablement, on passe facilement du coq à l'âne dans le quotidien de Jeanne.

Mais ce qui m'a un peu déçue, qui a tout fait brusquement tomber à plat, c'est bien la fin. Elle a un sens, est à la fois terrible et fatidique, poétique et émouvant, mais les événements restent trop rapides, trop en suspens. Quelques pages supplémentaires étaient peut être la bienvenue, surtout pour savoir ce que Jeanne devient... En tout cas j'ai ressenti de la peine pour cette fille, qui a sans doute grandi un poil trop vite, sans y être préparée... En fermant le deuxième tome je garde un goût amer, mais avec le recul je pense que c'était sans doute le but recherché : c'est la (dure) réalité.


" - T'imagines si ça aurait été leur papa ! Ça aurait été notre fête !
- J'aurais joué mon air.
- Tu parles, ça marche même pas avec les grands, ha, ha ! Ils s'en fichent ! Moi aussi quand je serai grand je m'en ficherai de tout.
- Si ! Ça marche avec les grands, même que j'leur fais faire tout c'que j'veux.
- ...
- Mais être grand c'est pas forcément bien tu sais. "


En conclusion Jeanne est une lecture en demi-teinte, mais je suis malgré tout contente d'avoir découvert ce titre, il y avait de bonnes idées, de jolis graphismes, des sujets touchants, une fin marquante (malgré ma déception sur son traitement et la rapidité globale du titre). 

2.5.19

[CHRONIQUE] Le Procès - Kafka


Le Procès - Franz Kafka
(Der Prozeß, traduit par Bernard Lortholary)
Editions Flammarion (GF) - 305 pages - 4€40
2011

-- Résumé --

Un jour, deux hommes viennent chez Joseph K. et lui annoncent qu’il est arrêté. Pourquoi ? Quel est son crime ? Une question à laquelle personne ne veut répondre ou ne peut répondre. Arrêté mais libre de circuler, de travailler et de vivre, K. ne comprend pas ce qui lui arrive. Quelle sera l’issue de ce procès hors norme ?

-- Mon avis --

Autant être honnête dès le début : ma lecture n'a pas été un franc succès, surtout que c'est la première fois que je découvre la plume de Kafka. Le fait que l'histoire ne soit pas complète, que je sois passée à côté des personnages et que je n'adhère pas à l'humour et aux réflexions de l'auteur ne m'aide pas à apprécier ce roman dans sa globalité.

Je n'ai rien à redire sur le style d'écriture de Kafka (et du traducteur surtout) : c'est parfaitement fluide, les pages se tournent rapidement - surtout que l'histoire est courte - ; seules certaines phrases sont un peu alambiquées et il y a la présence de quelques paragraphes assez lourds dans la narrations à propos de la justice et des traitements des affaires - choses qui ne me passionne pas du tout -. J'ai majoritairement lu ces passages en biais car je voulais plutôt avoir le fin mot de l'affaire. C'est une déception puisque je trouve le final trop abrupt, beaucoup de choses restent en plan, et on ne sait toujours pas pourquoi K. a été arrêté - je sais que c'était le but de l'auteur mais je m'attendais à autre chose -.

Au total le roman comporte dix chapitres, on y voit clairement le début et la fin, mais ce qui se passe au milieu n'est pas du tout équilibré et pertinent à mon sens : si j'ai sincèrement adoré le chapitre où K. rencontre l'industriel et le peintre - il y avait de la tension, des interrogations majeures pour K., de la complexité à travers ces deux personnages -, je me suis souvent ennuyée avec l'avocat, Block, son oncle, Léni, et bien d'autres personnages. Leurs relations avec le protagoniste étaient étranges : il y a de la méfiance, puis rapidement de la complicité et de l'affection, et sans que je réussisse à comprendre pourquoi un élément va produire de la pitié, du dégoût, de la jalousie, de la haine. Je n'ai donc eu aucune empathie envers K., dont le comportement m'échappait la plupart du temps, et ce n'est pas la fin qui va m'aider à changer d'avis sur lui.

Les thèmes abordés par l'auteur sont effectivement intéressants au premier regard : la justice et ses lois contradictoires, l'administration et sa complexité, les notions de culpabilité et d'innocence, le regard des autres, l'existence humaine et son sens, etc. Malheureusement ce n'est pas avec K. que je réfléchirai à ses notions, et encore moins avec ce livre. Il y a trop d'absurdités, de contradictions ; je n'ai pas été du tout sensible à ce style mais cela ne veut pas dire que ce sera le cas pour tout le monde.



"- Tu vois, Willem, il avoue qu'il ne connaît pas la loi et, en même temps, il prétend qu'il est innocent.
- Tu as tout à fait raison, mais c'est un homme qui ne veut rien comprendre. "


En conclusion mes premiers pas dans l'univers de Kafka ne sont pas des plus plaisants, je suis même légèrement déçue, en grande partie à cause de l'ambiance absurde omniprésente et de personnages peu/pas attachants. Je ne garderai pas un souvenir impérissable de ce livre, mais il est fort possible que je n'ai pas commencé par le bon roman pour découvrir l'auteur, alors je ne compte pas m'arrêter à cette expérience !