•• Les Héritiers d'Enkidiev, tome 12 : Kimaati ••
2016
Anne ROBILLARD
Editions Michel Lafon
309 pages
•• 15€30 ••
•• "Tel qu'il l'avait promis à Kimaati, après avoir bravé de nombreux dangers, Auroch revient à An-Anshar avec deux mille féroces hommes-taureaux prêts à se battre. De son côté, Kira se prépare à l'affrontement et divise les Chevaliers d'Émeraude en six garnisons, sous le commandement des membres de la première génération, comme autrefois. Avant de rejoindre son armée aux pieds d'An-Anshar, Onyx tente de terminer sa conquête d'Enlilkisar en unifiant les puissants et querelleurs princes Madidjins, mais comment s'y prendra-t-il? Pendant que le retour de Wellan frappe les vaillants Chevaliers de stupeur, Onyx prend rapidement les choses en main et, une fois devant sa forteresse, il défie Kimaati. Mais comment la petite Obsidia réussira-t-elle à stopper les puissants guerriers-taureaux? Et qui l'emportera, le lion ou le loup?" ••
Ce tome est la conclusion du second cycle des Chevaliers d’Émeraude, une saga que j'adore particulièrement depuis mon adolescence, et je dois dire que mon avis final est assez mitigé. Cette chronique risque par ailleurs d'être plus longue que d'habitude, mais j'avais vraiment besoin d'écrire tout ce qui me passe par la tête.
Le gros point noir du tome - et de ce cycle - est la quantité de point de vue et d'histoires. Les personnages étant nombreux, il est compliqué de se plonger dans un chapitre avec un groupe car dans le chapitre suivant on se retrouve de l'autre côté d'Enkidiev, à Enlilkisar, avec un autre groupe, et ainsi de suite; le tout entrecoupé de passages avec les Immortels devenus humains qui tentent de vivre "normalement". Résultat : je me suis attachée à très peu de nouveaux personnages car je ne me sentais bien qu'avec les anciens (que j'avais pris le temps de connaître avec la saga précédente et dont j'avais hâte de suivre les aventures ici). Je manquais de repère sans eux. Et c'est avec regret que bien des personnages dont j'attendais le retour sont restés dans l'ombre jusqu'à la fin...
J'ai adoré suivre la fin de la conquête du continent par Onyx, Wellan et le reste de sa famille; mais au bout du douzième tome c'était assez redondant : Onyx débarque dans une région, se retrouve face à une figure d'autorité, lui montre ses pouvoirs - Onyx dans toute sa splendeur -, raconte son speech sur son désir d'être le roi du continent sans non plus être imposant dans leur vie quotidienne, un accord est conclu alors direction la région d'après. C'était trop facile, j'avais espéré plus de difficultés et de résistance pour atteindre son but. En même temps vu les pouvoirs surréalistes que lui a donné l'autrice il était compliqué de lui mettre des bâtons dans les roues... Heureusement qu'Onyx reste fascinant à suivre dans sa psychologie et dans son attitude, sinon cela aurait été plus ennuyant à lire, surtout lors des trajets. Cela dit, ce groupe a permis d'introduire les coutumes locales et les traditions des habitants : Anne Robillard a toujours eu beaucoup d'imagination pour créer des univers et des peuples intéressants à découvrir tout en restant cohérent, et c'est par le biais de Wellan que l'on découvre le lore. Et moi le lore, j'adore. J'ai d'ailleurs une préférence pour le peuple Kentauros que l'on voit dans la première partie du tome.
Comme dans les précédents tomes Anne Robillard va chercher à caser ses protagonistes en couple afin d'apporter un peu de douceur dans son monde et de ralentir le rythme du récit. Là aussi je déplore un défaut majeur : je trouve que les personnages rencontrent bien trop facilement leur âme sœur et se marient à la vitesse de l'éclair. Alors, à l'exception du couple Theandras/Roldan que j'ai trouvé adorable, je ne sais pas quoi dire des autres tellement c'était rapide et peu intéressant pour le reste de l'intrigue, et je me doute qu'on ne reverra jamais leurs potentiels enfants dans le troisième cycle... Le pire vient probablement d'Aquilée, dont le principal rôle dans ce tome est de faire sa potion d'amour pour Fabian et d'aller le rejoindre au château pour l'utiliser. J'en suis triste pour elle. Je ne suis pas branchée romance certes, mais on est quand même bien loin des histoires d'amour de Wellan, Bridgess et Santo ou encore de Kira et Sage.
D'autres personnages ont cela dit attisée ma curiosité : d'abord Tayaress (qui aura été mystérieux et imprévisible jusqu'au bout) et surtout Sappheiros, qui a de belles motivations de vengeance mais qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe à la toute fin. Briag était amusant à suivre, j'aime son côté naïf quand il découvre le monde extérieur. Hadrian n'a pas vraiment brillé dans ce tome, j'avais pourtant attendu avec impatience ses retrouvailles - et ses explications - avec Onyx mais c'est passé à la trappe; pareil pour les retrouvailles avec Wellan et le reste des chevaliers. Il y avait de la matière pour faire un dernier tome magistral avec de l'émotion, mais à chaque fois c'est tombé à côté pour aller vite à l'essentiel et c'est dommage.
J'avais également beaucoup d'attentes pour le combat final. Après tout il y avait assez de mystères et de chapitres consacrés à la recherche de l'élue, notamment avec le groupe de Lassa, Briag et Hawke (même si l'identité de cette dernière était loin d'être cachée, bien au contraire, c'était raté pour l'effet de surprise); et cela faisait plusieurs tomes que Kimaati imposait sa puissance. Et... pas de chance, encore loupé. Si j'ai adoré retrouver les anciens commandants pour l'élaboration de leur plan d'attaque, ce passage était malheureusement trop court. Et quand arrive ce fameux combat final, le constat est le suivant : en deux chapitres c'est bouclé. Le duel Onyx/Kimaati n'était pas si extraordinaire que ça - le résumé était pourtant vendeur -, l'élue a accompli son rôle mais la mise en scène était absurde, et je suis restée avec de multiples questions sans réponse. On est bien loin des combats épiques et tragiques des Chevaliers d’Émeraude. Cela dit l'épilogue rattrape le reste car deux personnages que j'apprécie vont disparaître sans laisser de traces, Kira et Onyx offre une (toute) petit scène touchante, Sappheiros va poursuivre sa vengeance, de nouvelles perspectives pour débuter le troisième cycle, celui des chevaliers d'Antarès.
En conclusion, beaucoup d'attentes et d'espoir pour finalement de la déception. L'autrice rate des occasions intéressantes pour ses protagonistes et leur relation, la faute à des points de vue nombreux et pas tout le temps intéressants. C'était le tome de la facilité, autant dans la conclusion que dans les objectifs à atteindre (en même temps le scénario a été généreux en puissance magique et en descendance divine pour quelques-uns). Ce cycle reste sympathique à lire malgré tout, il y a de bonnes idées et de bons moments à passer avec les chevaliers, la plume d'Anne Robillard est agréable et fluide à lire, mais ça reste clairement en-dessous du premier cycle. Je lirai quand même la suite par curiosité car l'épilogue relance mon intérêt pour la saga, mais je vais en attendre le moins possible afin d'éviter les mauvaises surprises.
Zut ! Toujours le même problème, elle n'arrive jamais à véritablement "conclure" ses histoires, tant sur le fond, avec le scénario, que sur le plan émotionnel avec ses personnages. On a aussi eu ce problème, dans le tome 12 des Chevaliers ! J'espère qu'elle ne fera pas les mêmes erreurs avec les Chevaliers d'Antarès... ce serait vraiment dommage, car je doute qu'elle aille plus loin ensuite.
RépondreSupprimerPourtant, j'ai le sentiment d'avoir mieux digéré la fin des Chevaliers d’Émeraude que celle de cette saga... Mais effectivement, la bataille finale avait du potentiel à tous les points de vue et c'est tombé à plat :/
SupprimerPour les Chevaliers d'Antarès j'attends que tous les tomes soient disponibles pour les emprunter - je suis à la fois curieuse et sur mes gardes. Il faut espérer une bonne conclusion définitive, et bien en forme cette fois, je suis d'accord !