15.7.18

[Chronique] Phobia


J’avoue avoir acheté ce recueil de nouvelles un peu par hasard car je cherchais une lecture facile à lire en peu de temps (c’est plus agréable quand on a une pause au boulot d’une vingtaine de minutes ou pour attendre le bus). Ne connaissant ni les auteurs des nouvelles et n’ayant pas pour habitude de lire du polar j’ai donc tenté l’expérience avec ce recueil, et j’en ressors plutôt satisfaite, même si le livre était assez inégal selon moi. L’idée est quand même excellente : une nouvelle pour évoquer une phobie, et avec 14 plumes toutes différentes des unes des autres. Et en bonus, 1€ est reversé à l’association ELA (qui lutte contre les Leucodystrophies) lors de l’achat du livre, une excellente cause à soutenir !
C’est donc parti pour ma chronique de Phobia, sous forme de mini-avis (format adéquat pour des nouvelles et garanti sans spoiler à 99 % pour les curieux.ses)

    • Le refuge, Nicolas Beuglet → Une nouvelle qui bascule progressivement dans le sombre et l’horreur ; notamment avec l’apparition de son double dans la cabane (qui est l’incarnation de sa conscience dans sa solitude). Il lutte difficilement contre lui-même car il semble fuir son passé, la raison de cette virée loin de la société est d’ailleurs la chute de cette nouvelle que j’ai très appréciée, même si des questions subsiste à propos de la femme du protagoniste et de ses propos mystérieux. J’ai trouvé le duel avec son double très intéressant à suivre, surtout au niveau des dialogues, on appréhende mieux la psychologie du personnage principal. La peur de la vérité est le thème de cette nouvelle, le suspens et la tension étaient bien maîtrisés, à mon sens c’est une bonne façon d’ouvrir le recueil.

    • Lésion fatale, Jean-Luc Bizien → Une nouvelle sympathique à lire mais sans plus à propos d’une enquête sur un meurtre bien sale; cela dit j’ai trouvé la chute très amusante (surtout pour les geeks - des passionés.ées de pop-culture - ). Je n’ai malheureusement pas apprécié le personnage principal, l’inspecteur : on ne connaît quasiment rien sur lui, juste qu’il est très absorbé par son travail et investi dans ses enquêtes. Je ne dit rien sur la phobie traitée dans cette histoire car je risque de gâcher la chute!

    • Lis mes nuits, Armelle Carbonel → Une nouvelle un peu plus longue que les autres, prenant ainsi le temps de développer ses personnages, d’instaurer son ambiance de plus en plus glauque et de voir Aurora plonger doucement dans la folie dû à sa phobie du noir/de l’obscurité, avec son copain à ses côtés. L’histoire est entrecoupée par des passages de son psychologue qui laisse présager que le happy end n’est pas au bout du couloir... La plume de l’auteure est d’ailleurs très agréable à lire, fluide. Le dénouement final est assez abrupt, mais après réflexion c’est de loin une de mes nouvelles préférées du recueil pour les raisons que j’ai cité au préalable.

    • Phobia, Sonja Delzongle → Une nouvelle composée de plusieurs quotidiens, avec des protagonistes uniquement liés par un événement catastrophique pour l’humanité : Phobia. Si j’apprécie l’idée de base, certains personnages sont plus intéressants à suivre que d’autres : ainsi j’ai adoré suivre le couple homosexuel et leur fils, mais un peu moins les autres, assez effacés/discrets au final, ce qui est pour le coup assez dommage pour ce projet. La plume était simple mais un peu plate à lire.

    • De l’ombre à la lumière, Damien Eleonori → Alors là, ça va être court : je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. Le récit était emmêlé de plusieurs points de vue sans savoir tout de suite qui est qui, le découpage entre les scènes est également étrange; ainsi je n’ai pas compris la chute, ou alors j’ai une vague idée mais c’est trop tiré par les cheveux et bizarre. Je n’en garde pas un bon souvenir.

    • Dans le ventre de la bête, Johana Gustawsson → Là aussi petite déception, car j’avais rapidement deviné le plot twist autour du protagoniste, traumatisée par la scène macabre dont elle a été le témoin. C’est dommage car la nouvelle m’a plu, bien qu’assez horrible à lire sur certains passages, notamment dans l’attitude et les pensées du protagoniste à partir d’un moment clé. En même temps quand un des personnages à la phobie d’être enceinte et le devient malgré tout, ça fait assez peur… Probablement une des nouvelles les plus dures à lire.

    • 1 + 1, Nicolas Koch → Alice, la protagoniste, est phobique des chiffres dans cette nouvelle; son psychologue va donc remonter dans ses souvenirs durant ses séances afin de la « guérir » et de l'aider. J’aime beaucoup cette histoire : l’horreur qu’a vécu Alice pendant sa scolarité est racontée avec beaucoup de réalisme, on ressent son angoisse (personne ne la croyait, famille, professeur ou camarade de classe), elle va d’ailleurs lentement sombrer dans la folie et ne plus savoir ce qui est vrai ou non tant les chiffre l’obsède. Le dénouement est prévisible pour Alice, mais pas spécialement pour le psychologue qui s’occupe d’elle, ce qui achève l’histoire de façon glauque… Ma deuxième nouvelle préférée! (oui j'ai des goûts étranges)

    • La mort, tout le temps, Mickaël Koudero → L’histoire se déroule en 1916 pendant une guerre de tranchée; je vous avoue qu’elle était difficile à lire à cause de la plume de l’auteur : beaucoup de détails, de réalisme sur les atrocités de la guerre et ses dommages, l’auteur n’épargne rien ni personne (et certainement pas ses personnages plus ou moins effrayés par la mort), surtout lorsque l’on a accès au point de vue d’un allemand qui s’apprête à tuer froidement son ennemi. Cela dit j’ai trouvé la morale de fin assez pessimiste et trop lourde après l’histoire, et je ne suis pas spécialement d’accord sur son avis à propos de l’humanité ; certes la guerre existe toujours, certes il y a des lâches qui ne répondent que par la violence à cause de la peur, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. L’espoir existe toujours, on avance lentement sur certains sujets (là où d'autres régressent), mais on doit sans cesse travailler sur nous-même pour faire un monde meilleur, pour que la violence ne soit plus LA solution facile...

    • Du bruit au plafond, Chris Loseus → Je ne suis pas fan de cette nouvelle, après tout les araignées sont de retour, et pour le pire! Les derniers passages étaient pénibles à lire car j’avais les images en tête, et c’était assez dégoûtant pour être honnête… Je n’ai pas non plus apprécié le personnage principal, trop flou et inaccessible pour moi; et je n'ai pas compris l'intérêt d'introduire Andrea car elle ne sert clairement à rien. A ne pas lire avant de dormir!

    • Raymond, Ian Manook → Là aussi je n’ai pas aimé ma lecture, mais alors pas du tout. Que ce soit les deux protagonistes (absolument pas attachants dans leurs personnalités et leurs actions), le dénouement (des retournements de situations par dizaine si bien que je me suis perdue à un moment) et le langage utilisé (uniquement des dialogues, avec du langage grossier/familier, au bout de la troisième page c’est lourd). Pas mémorable donc.

    • Je t’aime à la phobie, Eric Maravélias → Quand l’amour croise le chemin du protagoniste, pourtant phobique des femmes, ça donne cette nouvelle absolument difficile à lire au fil des pages ( /!\ le dénouement est d’ailleurs à ne pas mettre dans toutes les mains car on parle de viol sur mineur, désolée pour le seul spoil de cette chronique mais c’est important de le préciser avant la lecture /!\). Je n’ai donc pas éprouvée d’empathie pour le protagoniste, même si sa mère ne l’a pas aidé à se sentir mieux, ses actes sont impardonnables, en plus de le rendre sadique.

    • Tue, Maud Mayeras → Ce n’est qu’en écrivant cette chronique que je me rend compte du jeu de mot avec le titre, j’aime bien la subtilité! En effet, il donne le ton de la nouvelle - ainsi que son macabre dénouement -, mais il met également en avant sa particularité : l’utilisation de la deuxième personne du singulier afin de suivre les pensées du personnage principal. Malheureusement je n’ai pas réussi à m’attacher à la protagoniste, mais ce qui est intéressant c’est le traitement de son comportement qui est « réaliste » : les histoires d’amour qui finisse mal, on en voit dans les faits divers (certains sont bien flippants…) ; et la tuerie organisée dans cette histoire fait aussi écho à notre réalité, impossible de ne pas avoir des images en tête donc; à ne pas lire si on est sensible!

    • Verdict, Olivier Norek → La troisième et dernière de mes nouvelles préférées. On touche ici aux dérives de la télé-réalité dans notre société, où l’être humain souhaite regarder des émissions de plus en plus dangereuses, mortelles… Le monde, les sentiments dépeint par Olivier Norek sont saisissants et inquiétants, surtout pour Moon, la réalisatrice de « Verdict », une émission dans laquelle le perdant meurt dans une mise en scène atroce. Tout simplement. Le dénouement est d’ailleurs ironique pour Moon, bien que bouleversant dans les conséquences; mais cela traduit bien les dérives de la télé et de ses émissions, ses victimes directes et indirectes, c’était une vraie claque.

    • Bisou, Niko Tackian → Une nouvelle assez courte mais absolument pas mémorable à mon sens; je trouve que c’est dommage d’achever ce recueil par cette histoire (après elles sont classées par ordre alphabétique des auteurs…). Je n’ai pas spécialement compris le geste d’Henri : un quotidien redondant ? Une envie de se sentir le plus fort ? Une liberté qu’il ne peut pas avoir à cause de sa famille ? Cette dernière question est discutable ; quoi qu’il en soit je vénère le chat Bisou pour son intelligence, car il nous livre un dénouement dans lequel le karma est roi!

En conclusion c'était une bonne lecture dans l'ensemble, bien qu'inégal (quelques sujets sont plus accessibles que d'autres, il y a des choix d'écriture et de scénario, et il ne faut pas être sensible dans certaines nouvelles). Mais c'était une excellente occasion de découvrir de nouvelles plumes, notamment Olivier Norek qui a été une révélation pour ma part.

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