21.8.18

[Chronique] Les Misérables (manga)


 Les Misérables (adaptation manga) 
2016
Adapté par Crystal Silvermoon ; dessins de SunNeko Lee ; script de Stacy King : œuvre originale de Victor Hugo
Editions Nobi Nobi ! (collection Les Classiques en manga)
336 pages
 10€75 

 « Dans la France chaotique du XIXe siècle, Jean Valjean sort de prison. Personne ne tend la main à cet ancien détenu hormis un homme d'église, qui le guide sur la voie de la bonté. Valjean décide alors de vouer sa vie à la défense des miséreux. Son destin va croiser le chemin de Fantine, une mère célibataire prête à tout pour le bonheur de sa fille. Celui des Thénardier, famille cruelle et assoiffée d'argent. Et celui de Javert, inspecteur de police dont l'obsession est de le renvoyer en prison! Une fresque historique et sociale, à travers les yeux de Valjean, pour redécouvrir les injustices et la vie difficile des Français, dans un contexte révolutionnaire. » 

Je connaissais l’histoire et ses personnages mythiques dans les grandes lignes, c’était donc une bonne occasion de connaître plus en détail le récit de Jean Valjean et Cosette. J’en ressors très satisfaite, pour moi cette adaptation a grandement réussi son pari de donner envie de lire l’oeuvre originale !

L’oeuvre de Victor Hugo est dense, mais il me semble ici que tout est fluide dans la narration, rien n’est précipité, on prend le temps de connaître les personnages, de suivre des intrigues principales et secondaires, à aucun moment je n’étais perdue ou ennuyée par l’histoire

Jean Valjean est un homme fascinant à suivre : de sa libération jusqu’aux derniers jours de sa vie il n’a cessé de faire tout son possible pour rendre meilleure la vie de gens miséreux, perdus, seuls ; il se rachète une conscience par ses actions mais il le fait bien. J’adore la relation paternelle qu’il entretient avec Cosette, ils sont touchants à suivre dans le temps (et surtout quand Cosette devient une jeune femme, il devient alors très – trop – protecteur !). Pourtant il arrive à mettre de côté ses sentiments voir même sa vie pour sauver celles des autres, quitte à y perdre beaucoup : je pense notamment à son comportement envers Javert ou encore à Marius.
Fantine est une femme dont le destin tragique est bouleversant et marquant : les sacrifices qu’elle fait pour aider sa fille Cosette sont horribles, à la limite du supportable ; le fait que l’on voit en dessin ce qu’elle va finir par devenir est encore plus impactant pour le lecteur, en tout cas c’était mon cas, je n'est pas était insensible par son sort...
Cosette est mon personnage préféré : adorable, courageuse, d’apparence fragile et romantique, elle souhaite simplement vivre heureuse avec Jean Valjean et son amoureux – qui intervient bien plus tard dans le récit -, ce qui va s’avérer plus complexe que cela. Elle est représentée de façon "kawaii", surtout lorsqu’elle est toute petite, ce qui tranche nettement avec les autres personnages ; j’ai pu lire que certains trouvaient ça plutôt étrange comme choix mais je pense que cela accentue l’innocence de la jeune femme.

Malheureusement les autres personnages n’ont pas su me convaincre ni m’attendrir – même si leur destin est tragique -. Tout d’abord les Thénardier : on récolte ce que l’on sème, et si les parents ne me faisaient ni chaud ni froid je suis par contre un peu plus triste pour les enfants, Gavroche et Eponine. Ils sont descendus dans l’échelle sociale, ont tentés de vivre/survivre en se donnant un but (aider à la révolution ou se marier avec Marius), mais le « happy end » n’est ici pas permis, et Victor Hugo tire deux portraits d’une jeunesse trop vite interrompue et gâchée
Ensuite il y a Javert : personnage récurrent qui est l’ennemi juré de Jean Valjean, il apporte un peu de "piment" dans la vie de ce dernier et souhaite impérativement que la justice frappe de façon précise – mais pas tout le temps juste -. Les circonstances vont les faire se croiser plusieurs fois, jusqu’à ce que Javert soit dans l’incapacité de comprendre son ennemi et ses objectifs à cause de sa vision étroite des malfaiteurs. Sa décision finale m’a fait lever les sourcils car c’est dramatique au possible, mais en aucun cas je vais le regretter
Et enfin j’aimerai parler de Marius, l’amoureux de Cosette. Je l’ai trouvé assez plat, et même avec les personnes de la révolution je ne l’ai pas trouvé utile ou fantastique. De plus il n’est pas spécialement agréable avec Jean Valjean, ce que je trouve regrettable.

Les dessins sont vraiment beaux, certaines mises en scènes sont sublimes et renforce le côté dramatique de l’oeuvre. Les visages sont expressifs et humains, on voit leur douleur, leur joie, leur chagrin, la vie qui les quitte. Le seul gros point négatif, c’est le côté tragique du début à la fin. Tout va mal, il y a rarement de l’espoir ou de moments joyeux, il y a de la violence sur enfant, de la prostitution, des arnaques et de la tromperie, des amours impossibles, des morts de partout, des espoirs brisés, bref vous avez compris le tableau. A la fin de ma lecture j’avoue que ça m’a un peu plombé le moral pendant quelques heures, mais c’est la preuve que Victor Hugo a réussi son objectif : dénoncer la misère, l’injustice et la violence de son époque de façon réaliste.

En conclusion cette adaptation est une réussite : on retrouve l'univers et les thèmes qui sont chers à Victor Hugo, c'est fluide, avec des scènes mémorables et percutantes grâce à certaines planches. Cela me donne en tout cas très envie de me plonger un jour dans la version originale !

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