26.6.19

[CHRONIQUE] Fils de sorcières


Fils de sorcières - Pierre BOTTERO
Editions Rageot (Romans) - 192 pages - 6€60
2017


" Je m'appelle Jean et je vis dans une famille où toutes les filles sont des sorcières : ma mère, mes tantes et même ma petite sœur... Ça ne me dérangeait pas jusqu'à ce qu'un terrible buveur de magie s'attaque à elles. Comment faire pour les sauver ? "


Je suis toujours heureuse de lire un roman de Pierre Bottero, car je sais d'avance que je vais passer un excellent moment et qu'il va me toucher d'une façon ou d'une autre. Et bien ça n'a pas loupé, Fils de sorcières est un livre qui se lit très rapidement mais j'en ressors conquise des deux heures passées avec Jean et sa famille !

Rien que le résumé avait tout pour me plaire : une famille avec des pouvoirs magiques - dont seuls les membres féminins sont les détentrices -, une créature sinistre et menaçante qui n'est d'autre que le buveur de magie ; et la couverture m'attirait beaucoup par ses couleurs et son atmosphère.

Suivre le quotidien de Jean et de cette famille haute en couleur m'a vraiment plu car chaque personnage est unique et bien défini. On suit de très près Jean, un petit garçon épanoui qui va devoir sauver sa famille sans magie, ainsi que sa petite sœur Lisa qui est juste à mourir de rire et très attachante. Autour d'eux vont graviter la maman, les tantes, les grands-parents et un peu plus tard le père de Jean, disparu en abandonnant sa famille derrière lui, sans donner de nouvelle. Les messages autour de la famille, son importance et la tolérance sont LES sujets principaux abordés tout au long de ce petit roman, mais Pierre Bottero à l'art et la manière de faire passer ceci avec humour, émotion et ça dédramatise certains passages.

La magie est bien présente dans l'histoire, et j'ai adoré son utilisation ainsi que ses principes. Il y a deux types de magie : celle utilisée quotidiennement et qui permet, par exemple, de remplir instantanément le frigo ou de simplifier les tâches ménagères ; et la Grande Magie, pour les cas d'extrême urgence - l'exemple le plus concret étant la téléportation à l'autre bout du monde -. Un de mes chapitres préférés concerne d'ailleurs de près la magie, avec les emplettes chez Abracadabra - une façon déguisée de commander instantanément par magie les fournitures de la rentrée scolaire qu'on trouve dans les catalogues de pub -.

Le seul petit reproche que je pourrais faire concerne le buveur de magie : je sais que c'est un roman jeunesse, mais je ne le trouve pas très effrayant ni oppressant. Par contre j'ai adoré les conséquences de son absorption de magie : la victime se retrouve transformée en poupée Barbie à l'effigie de la sorcière, je trouve l'image amusante. L'auteur ne cessera jamais de me surprendre par son imagination !

Aucune longueur à relever, tout est fluide dans l'enchaînement des chapitres et de l'action, les dialogues sont toujours intelligents, avec de bonnes réparties. Et je dis un grand oui à la référence à l'un de ses propres univers, Al-Jeit, avec une rue portant ce nom ! (ça me donne cruellement envie de relire les sagas d'Ewilan...). La fin est ravissante, avec un beau message rempli d'optimisme et d'amour ; la chute amusante va changer définitivement la vie de cette chouette famille. Je regrette de les quitter aussi rapidement.


" - Un buveur est continuellement assoiffé de magie. Quand il s'en prend à une sorcière, il ne s'arrête pas tant qu'il n'a pas bu toute la famille. Celui qui s'est attaqué à la nôtre ignore peut-être où habite mamie. Il ne faut pas lui donner d'indices.
Si mamie Pléioné ne pouvait pas nous aider, c'était la catastrophe totale ! J'ai fermé les yeux pendant une seconde, et j'ai imaginé toutes mes tantes réduites à l'état de poupées mannequins. 
Sauf maman ! Maman, c'est impossible. "

En conclusion j'ai passé un très bon moment avec cette petite lecture pleine de magie, de sorcières, d'humour et d'émotions. La famille Sylvestre réserve de bonnes surprises, et leur quête pour lutter contre le buveur de magie est l'occasion parfaite pour rêver un peu plus, accepter la différence, apprendre le courage et retrouver une famille unique et unie malgré les épreuves. Jean a tout pour plaire à un public jeune, mais pas que !

23.6.19

[CHRONIQUE] Le Petit Prince


Le Petit Prince - Antoine de SAINT-EXUPERY
Editions Folio (Junior) - 119 pages - 6€30
2013


" Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait : ... " S'il vous plaît... dessine-moi un mouton ! "
- Hein!
- Dessine-moi un mouton...
J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. "


Je suis tellement heureuse d'avoir pu relire ce classique de la littérature jeunesse avec les illustrations de l'auteur. Ce livre fait partie de mon enfance, je l'avais étudié en primaire et j'en garde d'excellents souvenirs, il m'a vraiment marqué. Le relire aujourd'hui, dans une peau un plus adulte, m'a fait comprendre d'autres facettes du récit, des choses qu'enfant je n'aurai jamais su saisir pleinement.

Heureusement, je n'ai pas totalement perdue mon âme d'enfant, ouf ; je fond toujours devant le personnage du prince, cet être extraordinaire, curieux et particulier qui voyage sur plusieurs planètes tout en fuyant sa maison, ses baobabs récalcitrants, sa rose orgueilleuse et ses trois volcans. Si je m'attache sans problème au narrateur et à sa panne d'avion, ce n'est pas le cas des autres adultes que l'on aperçoit via le récit du prince. Trop ennuyeux, trop sérieux, trop renfermé dans leur vision des choses, trop possessif ; rien ne va et leurs courts échanges avec le prince renforce le ridicule de leur situation et l'absurdité de leur pensée. J'ai même pitié d'eux, car leur rencontre avec le prince ne vont pas les changer d'un iota, là où notre petit prince va au contraire apprendre du vocabulaire, des conceptions, des sentiments nouveaux comme le regret par exemple. Il va apprendre à grandir et à être responsable de son entourage. Sa rencontre avec le renard est sans conteste mon passage préféré du livre, tellement de poésie, de tendresse dans ce lien. Les derniers chapitres sont d'une émotion intense, je suis ravie de voir que ce texte a toujours du sens à mes yeux et me chamboule autant.

Les illustrations de l'auteur apporte un certain charme au récit, on visualise mieux le périple du prince, les personnes qu'il rencontre, les planètes visitées mais aussi le vide créé par son départ à la fin. Les couleurs sont douces, je ressens beaucoup de nostalgie en voyant l'éléphant dans le boa - ouvert ou fermé -, la boîte contenant le mouton, la planète du prince, la rose dans sa cloche, l'allumeur de réverbères, etc.


" Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. "


En conclusion ce livre reste un inconditionnel de la littérature jeunesse - qu'on peut lire à tout âge - ; de l'émotion, de la poésie, des leçons de vie importantes sans être moralisatrices, de l'humour et une nuance de nostalgie. L'auteur nous livre, avec ses propres illustrations et une plume magnifique, la rencontre unique entre une "grande personne" et un enfant innocent.

19.6.19

[CHRONIQUE] Seven Deadly Sins, tomes 1 à 4


Seven Deadly Sins, tome 1 à 4 - Nakaba SUZUKI
Editions Pika - 184 pages (T1) / 192 pages (T2 à T4) - 6€95 le tome
2014


Résumé du tome 1 

" Les Seven Deadly Sins... Héros ou bandits ? 
La princesse Elizabeth est prête à tout pour retrouver cette légendaire bande de mercenaires. Ce sont les seuls à pouvoir arracher le royaume de Britannia des mains des surpuissants Chevaliers Sacrés. Sa rencontre avec Melodias, un garçon à la force exceptionnelle, va marquer le début d'une aventure riche en rebondissements, où magie et combats sont au rendez-vous ! "


C'est un shonen que j'ai pas mal vu tourner sur les réseaux sociaux, mais qui ne m'a jamais tenté jusqu'ici à cause du style graphique du mangaka - c'est tout bête je sais -. Je reste dans une période où je teste de tout dans les mangas, histoire de rattraper mes wagons de retard dans ce domaine, et me voici donc à mon tour lancée dans Seven Deadly Sins. Si les débuts sont peu concluants, j'ai complètement changé d'avis par la suite.

Le premier tome reste assez classique pour un shonen : on retrouve tous les ingrédients déjà présents dans la plupart des titres connus et reconnus. Les combats, l'humour très décontracté, des filles gâtées par la nature, des moments d'émotions sur l'amitié, le sens du devoir et de l'honneur, la famille. Rien d'exceptionnel pour être sincère. Surtout qu'Elizabeth, la princesse, était beaucoup trop cruche et que le premier Deadly Sins que l'on découvre - Melodias, la colère - était un gros pervers pas très attachant et assez puéril. Sans oublier l'éternel mascotte du groupe, ici c'est un petit cochon qui parle, Hawk - le seul à peu près lucide au final -.
Pourtant il y avait des idées intéressantes dans le scénario, surtout le principe d'un groupe où chaque membre incarne un des sept pêchés capitaux.

J'ai donc enchaîné avec le tome 2 pour me forger une meilleure opinion et j'ai bien fait car mon avis a complètement changé !

L'histoire se complexifie progressivement et c'est une excellente chose : une guerre sainte va bientôt pointer le bout de son nez mais la menace reste encore floue, les Chevaliers Sacrés voient arriver dans leur rang une nouvelle génération de soldats surpuissants (et cette puissance est anormale voire inquiétante) ; et pendant ce temps-là les protagonistes continuent leur quête afin de réunir les autres Deadly Sins, non sans quelques combats bien énervés et une touche d'humour avec laquelle je ne suis pas toujours réceptive, ce point n'a pas changé malheureusement...

Si je ne suis pas fan du pêché de l'avarice, Ban l'Immortel - bien que son histoire avec Ellaine est très touchante et sincère -, j'ai un énorme coup de cœur pour Diane et King - respectivement l'envie et la paresse -. La première est une géante qui ne passe pas inaperçue, bien bourrin mais qui est secrètement amoureuse de son chef ; le second fait tout pour en faire le moins possible mais tire toute sa puissance quand il se bat pour les autres, il est loin d'avoir un mauvais fond malgré sa vengeance. J'espère donc continuer d'en apprendre plus sur mes chouchous et de voir leur évolution !

La relation conflictuelle entre Ban et King est d'ailleurs intéressante à suivre et bien construite, c'est sans aucun doute le meilleur duo du manga à mon sens, je suis curieuse de voir comment ils vont se supporter par la suite. Je sens venir de loin la romance entre Melodias et Elizabeth ; pourquoi pas même si je ne suis pas fan de ces deux personnages, surtout que Melodias montre des facettes un peu plus obscures que d'habitude et qu'Elizabeth n'est pas si gourde que ça - surtout à la fin du tome 2 -. Sa détermination, pourtant mise à l'épreuve par une de ses sœurs, est très forte ; je me demande cela dit si son alliance avec les Deadly Sins est une excellente idée - il y a des rumeurs et des faits dont est responsable le pêché de la Colère qui font froid dans le dos -. Je suis d'autant plus curieuse de découvrir les trois derniers Deadly Sins !

Les scènes d'actions sont confuses par moment, c'est un des points noirs que j'ai toujours à soulever au bout du quatrième tome, je pense qu'en anime ça doit largement mieux passer ! Je ne suis pas non plus totalement convaincue par le style du mangaka : certains personnages n'ont aucun problème, mais d'autres n'ont pas un visage que je trouve plaisant ou attachant, encore moins quand ils manquent d'émotions. Seuls les personnages féminins sont les plus expressifs, ce qui sauve un peu ce constat.


" - Je ne connais pas grand-chose aux humains et à leur monde... et pour être honnête, ça ne m'intéresse pas tellement. Mais...
- Oui ?
- J'ai bien envie de me battre pour toi, en fait. Tu m'as vraiment impressionnée, aujourd'hui. "

En conclusion je me suis laissée porter par ce petit groupe qui ne cesse de me plaire au fil des chapitres, que ce soit par leur particularité et par leur humanité dans certaines situations. Si je tique encore sur quelques détails ils sont vite effacés par le scénario qui continue lentement à se construire et à se complexifier ainsi que par mes deux chouchous, Diane et King. Je suis donc curieuse et optimiste pour ma lecture des prochains tomes !

10.6.19

[CHRONIQUE] Vampire Knight, tomes 5 à 8


Vampire Knight, tomes 5 à 8 - Matsuri HINO
Editions Panini (Manga) - 192 pages - 6€99 le tome
2008 (T5 à T7) - 2009 (T8)


Tome 5 (ATTENTION AU RISQUE DE SPOIL)

" Zero a juré de se venger de Shizuka Hiô, la vampiresse au sang pur qui l'a mordu et a tué sa famille... Ainsi, lorsque celle-ci est assassinée, les soupçons se portent sur lui ! Quand la nuit tombe sur le bal de l'Académie Cross, les passions se déchaînent !! "


Suite à ma lecture plutôt positive des quatre premiers tomes de ce manga j'ai poursuivi avec les tomes 5 à 8. Je dois dire que j'avais quelques attentes au niveau de l'intrigue et des trois personnages principaux, et j'avais envie d'en savoir plus sur cette société aristocratique de vampire aperçue avec la Night Class. Je n'ai clairement pas été déçue par cette suite, j'apprécie de plus en plus ce titre au fil des tomes, malgré les inégalités de rythme assez flagrantes entre le tome 5 et le tome 6.

L'univers ne cesse de se complexifier autour des protagonistes - Yûki, Zero et Kaname - ; les mystères, les complots, la haine des vampires et les secrets éclatés au grand jour vont tout basculer en l'espace de quelques chapitres seulement. Ainsi leur lien vont tantôt se resserrer dans des scènes romantiques - si Zero est adorable avec Yûki ce n'est pas le cas de Kaname, qui m'a très souvent rendu mal à l'aise... -, tantôt se briser, surtout suite aux révélations majeures sur le passé de Yûki dans le tome 8. J'avoue avoir eu des petits doutes qui se sont avérés justes, mais cela reste cohérent et bien construit alors je n'ai rien à redire dessus, c'était bien amené. Un nouvel arc narratif se profile, la famille Kuran va être au centre de ses conflits et cela promet de sanglantes batailles.

Je suis contente d'avoir eu plus de détails sur les vampires, leur pouvoir, la perception des sang-pur, leur société, l'impact du Sénat sur leur vie, la haine des pro-Sénat envers Kaname, la famille de certains élèves de la Night Class ; j'en redemande encore car les idées sont bonnes et j'aime cette dimension politique mais j'ignore si la mangaka va approfondir un peu plus de ce côté-ci ou si elle souhaite se focaliser davantage sur autre chose.

Je ne sais toujours pas quoi penser de Kaname, ce qui commence un peu à me frustrer vu l'importance de ce personnage ici... Il y a des moments où je le trouve classe, protecteur et attachant, mais la majeure partie du temps il me sort littéralement par les yeux : va-t-il finir par perdre sa froideur un jour ou j'espère pour rien ? Je n'aime pas vraiment la tournure des événements qu'il souhaite pour Yûki, il a beau être un vampire ce n'est pas justifiable à mes yeux. Par contre sa rivalité avec Zero apporte des scènes passionnantes à suivre, où chaque échange de parole est une pépite. Je veux les voir se confronter ensemble plus régulièrement !

Si j'ai aimé les nouvelles résolutions de Yûki pour en savoir plus sur son passé, son envie de devenir plus forte et de ne plus inquiéter Zero par son comportement, j'ai néanmoins essuyé une petite douche froide après les révélations du tome 8. C'est dommage car sa spontanéité va me manquer, surtout dans cet atmosphère sombre. A voir dans les prochains tomes si ce personnage peut encore me surprendre ou non.

Zero reste et restera toujours mon petit chouchou, décidément il en bave entre ses sentiments pour Yûki, sa haine de Kaname et son frère de retour dans la Day Class... Il ne cesse de me plaire dans sa façon de penser, ses agissements, son caractère. Et je suis convaincue qu'il est fait pour être avec Yûki, ils sont fusionnels et attentionnés entre eux. Je suis tellement triste de son sort à la fin du tome 8, il mérite mieux que de finir aussi seul et désespéré. J'espère que son maître ou que le directeur de l'Académie Cross vont pouvoir faire quelque chose pour l'aider à s'en sortir.

Les autres personnages restent encore pas mal en arrière-plan, selon les chapitres : si Ichijô, Aidô, Shiki et d'autres vampires prennent un peu plus de place dans l'histoire principale, je regrette de voir tout au fond le directeur de l'Académie - dont je suis surprise par une révélation qui est vite oubliée, dommage car je trouvais l'information intéressante -, le maître de Zero, l'amie de Yûki, Maria, Ichiru... Ils ont tous quelque chose à apporter à l'intrigue mais cela reste inégale et parfois leurs apparitions sont mal amenées.

Les dessins ne cessent de s'améliorer, j'aime énormément le soin apporté sur les expressions des visages, les cheveux et les yeux, ça reste "shojo" dans le style mais la touche gothique est un réel plus qui la distingue des autres mangakas. Néanmoins je trouve que ça manque de décor et d'arrière-plan, certaines scènes sont cruellement vides, fades, et ça fait très bizarre une fois qu'on le remarque... Les combats sont cependant bien dessinés, la puissance et les pouvoirs des vampires sont clairement visibles, violents, bruts.


" - Tue-moi... J'arriverai probablement à te mettre une balle pendant ce temps-là.
- Toi décidément... Par instinct les vampires craignent et révèrent les sang pur, et pourtant tu n'as aucun scrupule à me montrer les crocs. Décidément, je te hais. "


En conclusion même si je suis parfois déçue de certaines tournures que prend l'histoire et du rôle de quelques personnages cela reste malgré tout une bonne lecture. Je suis avec plaisir le destin tragique des trois protagonistes, le tout dans une ambiance sombre, malsaine, sanglante, où la frustration est présente, certes, mais où les complots, les secrets et les mystères règnent en maître. A voir ce qu'il va désormais se passer, j'ai encore de petites attentes, et j'emprunterai volontiers les quatre tomes suivants dans quelques semaines !